Le Parlement suédois (Riksdag) a adopté, mercredi dernier, une résolution demandant au gouvernement de reconnaître le « plus tôt possible » la République arabe sahraouie Démocratique (RASD), créée en 1976 à Bir Lahlou. Le 28 novembre dernier, la commission des affaires étrangères avait adopté un projet de motion en ce sens, qui aura le soutien, une semaine plus tard, de la totalité des voix des députés du Parti social démocrate, des Verts et des ex-communistes du Parti démocrate suédois. La motion invite le gouvernement suédois à sensibiliser le reste de ses partenaires à reconnaître l ́Etat sahraoui. Aucun parlement de l ́UE n ́a pris une telle initiative jusqu ́à présent. En Espagne, ancienne puissance coloniale du Sahara Occidental, avant que ce territoire non autonome soit cédé au Maroc en 1975, il est, certes, fréquent qu ́un parti de gauche appelle à la reconnaissance de la RASD. Il est aussi fréquent dans tous les pays européens que des appels soient lancés par des groupes parlementaires pour que les délégations du Front Polisario soient élevées au rang de mission diplomatique. Mais c ́est bien la première fois qu ́un parlement du Vieux continent se prononce avec autant de clarté sur l ́indépendance du Sahara Occidental. Pour le social démocrate suédois, Hans Linde, cette résolution « est historique parce que nous sommes les premiers en Europe à l ́avoir votée ». Son collègue conservateur, Ulrik Nilsson, a invité le président Fredrick Reinfeldt, qui gouverneure une coalition conservatrice, à agir sans relâche pour la tenue d ́un « référendum juste » au Sahara Occidental. A Madrid, le député d ́Izquierda Unida (communiste), Gaspar Llamazares a, dans une déclaration au journal El Pais, salué la décision de ses confrères suédois, la présentant comme « la voie à suivre » pour les autres parlements européens. La motion de la chambre basse suédoise a été reçue comme une douche froide au Maroc. Le porte-parole du gouvernement, Nabil Bouabdallah, estime que le parlement suédois a « violé » la légalité internationale et « sapé » les efforts de l ́ONU pour trouver une solution à ce « conflit artificiel ». Même son de cloche chez Ali Kébir, le président de la commission des AE du parlement marocain, pour qui la motion suédoise est un « précédent en Europe ». Il faut donc s ́attendre à des réactions plus virulentes de la part de Rabat qui a déjà expulsé, il y a quelques années, la « numéro deux » de l ́ambassade de Suède au Maroc, Mme Anna Block-Mazoyer, que les autorités marocaines avaient accusée de « rouler » pour le Front Polisario. En fait, cette expulsion avait été décidée en représailles à l ́action diplomatique de Stockholm appelant les entreprises des gouvernements occidentaux à ne pas exploiter les ressources naturelles du Sahara Occidental, territoire non autonome. C ́est la Suède qui, avec le Danemark, avait un fait un travail de fond pour bloquer l ́élargissement aux eaux territoriales sahraouies, de l ́accord de pêche UE-Maroc, signé en février 2007 et non reconduit, entre autres, pour cette raison, en 2012. C ́est dire que les relations entre Rabat et Stockholm n ́ont jamais été très cordiales. Comme elles ne le sont pas avec les capitales des 80 pays, dans leur majorité africains et latino-américains, qui entretiennent des relations diplomatiques avec la RASD. L ́appel du parlement suédois à la reconnaissance internationale de la RASD donnera plus d ́écho au plan international à l ́indépendance du Sahara Occidental. Une reconnaissance de poids, celle de l ́Afrique du Sud, au milieu des années 2000, avait constitué un revers diplomatique sérieux pour le Maroc.