Les participants à une journée d'étude organisée samedi dernier, à la maison de la culture Mouloud-Mammeri par la direction de la culture de Tizi Ouzou en collaboration avec l'association culturelle Issegh de Souama sur la vie et l'œuvre de Si Amar u Saïd Boulifa, ont plaidé à l'unanimité pour la baptisation d'un édifice public du nom de cet intellectuel pluridisciplinaire du XIXe siècle, linguiste et anthropologue et pédagogue tout à la fois, dont les œuvres et les travaux de recherche sur la langue et la culture berbères restent encore inconnus du grand public. Lors de cette journée d'étude, Lynda Boulifa, qui parlait au nom de sa famille, a estimé que le nom de son ancêtre Saïd Boulifa, qui a eu le mérite d'avoir préservé une grande partie du patrimoine culturel kabyle, en particulier des poèmes de Si Moh U Mhend, mérite d'être proposé pour baptiser un édifice de la wilaya de Tizi Ouzou à l'exemple du nouveau campus universitaire de Tamda. Cette proposition a été soutenue par les conférenciers et l'ensemble des participants qui ont pris part à cette journée d'étude et qui ont même suggéré d'intégrer dans le cursus scolaire les livres de Saïd Boulifa. Cette rencontre culturelle a aussi permis aux différents conférenciers de rappeler le rôle éminemment positif de Saïd Boulifa dans la préservation du patrimoine kabyle de toute influence coloniale puisqu'il fut "l'une des premières personnes à avoir défié le savoir colonial en enclenchant un processus de recherche sociologique et littéraire sur la culture algérienne et l'a imposé, tout en posant un regard contradictoire sur celui des colons", a déclaré la directrice de la culture de la wilaya de Tizi-Ouzou, Nabila Goumeziane. Il est à rappeler que Si Amar u Saïd Boulifa est né en 1861 dans le village d'Adeni, dans la commune d'Irdjen relevant de la daïra de Larbaâ-Nath-Irathen. Dès son jeune âge, il a fréquenté l'école coranique de son village, avant d'être scolarisé à l'école primaire de Tamazirt, l'une des premières écoles coloniales ouverte en Kabylie à la fin du XIXe siècle. Ensuite, il s'installe à Alger où il poursuit de brillantes études pour décrocher de nombreux diplômes tels que le Certificat d'aptitude à l'enseignement et le Brevet de capacité d'enseignement primaire (1890), le Brevet des langues kabyles (1892), le diplôme des dialectes berbères (1896) et enfin le Brevet des langues arabes (1901). Par ailleurs, Boulifa est l'auteur de plusieurs ouvrages fort intéressants dont Une première année de langue kabyle (1897), Méthode de langue kabyle (1913), Recueil de poésies kabyles (1904), et enfin Le Djurdjura à travers l'histoire depuis l'Antiquité jusqu'en 1830 (1925). Il décède en 1931 à l'hôpital Mustapha Pacha d'Alger, suite à une longue maladie et enterré, paraît-il, au cimetière d'El-Kettar à Alger, selon les témoignages de sa famille qui a multiplié les recherches depuis longtemps déjà pour retrouver sa tombe. En vain. M. H.