La maison de la culture Mouloud-Mammeri abritera aujourd'hui une journée d'étude consacrée à l'illustre Si Amar U Saïd Boulifa. La manifestation, conjointement organisée par la Direction de la culture de la wilaya, l'école régionale des beaux-arts d'Azazga et le comité des activités culturelles, en collaboration avec l'association culturelle Issegh de Souamaâ, est placée sous le thème «Boulifa, précurseur de la recherche anthropologique et linguistique sur sa société». Les organisateurs indiquent dans un communiqué dont une copie nous a été transmise que «l'œuvre de Si Amar U Saïd Boulifa est à la fois un regard expansif et un témoignage interne précis sur la société algérienne et nord-africaine durant le XIXe et le XXe siècle et que le personnage a mené plusieurs recherches dans différentes disciplines, parallèlement aux études classiques basées sur une conception et une perception bien orientées des recherches des orientalistes et des explorateurs coloniaux. Au programme de cette journée, une exposition sur la vie et l'œuvre de Si Amar U Saïd Boulifa, élaborée par l'association culturelle Issegh dans le hall des expositions. La salle du Petit Théâtre accueillera de son côté une série de conférences, dont celle animée par Boulifa Younès, intitulée «Témoignage sur nom oncle Si Amar U Saïd Boulifa», ou encore par Saïd Chemakh, docteur en linguistique berbère sous le thème «L'œuvre de Boulifa, histoire, poésie et enseignement». Pour sa part, le Dr es-lettres, spécialiste en linguistique berbère et enseignant à l'Institut national des langues et civilisations (Inalco) de Paris, Salem Chaker, développera une thématique intitulée «Boulifa, le précurseur des études berbères». Il sera relayé par Hacène Halouane, docteur en lettres françaises qui présentera le personnage comme «précurseur de la cause amazighe». Le tout sera clôturé par une visite de la maison natale de Si Amar U Saïd Boulifa. Qui est Saïd Boulifa ? Selon la biographie éditée par l'Inalco, Boulifa est né vers 1865 à Adeni, dans l'actuelle commune d'Irjen, dans la région des Ath Irathen. Il descend d'une famille maraboutique modeste (d'où le «Si» de son nom). Boulifa est son nom patronymique à l'état civil (français) ; en kabyle, sa famille est At Belqasem U Amer : il est donc Amar fils de Saïd des Aït Belkacem ou Amar. Orphelin très jeune, il a eu la chance d'être apparenté par sa mère à la puissante famille de notables caïds de Tamazirt, les Ameur. L'oncle maternel fait donc scolariser son neveu à la toute première école ouverte en Grande Kabylie en 1875, époque où les candidats étaient alors rares. Ce concours de circonstances va être déterminant pour le restant de sa vie puisqu'il s'engage rapidement dans la carrière d'instituteur, la seule voie de promotion qui pouvait alors s'offrir à un jeune kabyle d'origine modeste. Il est d'abord moniteur adjoint à Tamazirt, puis, après un stage à l'Ecole normale de Bouzaréah en1896, instituteur adjoint. D'après les documents - très incomplets - qui nous ont été remis par sa famille, il ne sera nommé instituteur primaire public qu'en 1922. A partir de 1890, il devient répétiteur de berbère à l'EN de Bouzaréah, puis en 1901, à la Faculté des lettres d'Alger. Il participe à la mission Ségonzac au Maroc fin 1904-1905, d'où il ramène ses Textes berbères de l'Atlas. Dans la même biographie et dans son testament daté du 20 octobre 1914, Boulifa se présente comme «professeur de berbère» à l'Ecole normale et à la Faculté des lettres d'Alger, ce qui laisse supposer qu'il a pu accéder au rang de chargé de cours à l'Université. Il prend sa retraite en 1929 et meurt le 8 juin 1931 à Alger, à l'hôpital Mustapha. Il est enterré au cimetière d'El Kettar à Bab-El-Oued (Alger). Le défunt a laissé une importante œuvre composée de travaux sur la linguistique et la littérature berbères, l'histoire, l'archéologie etc.