C'est une "tripartite" terne, n'était cette déclaration d'Abdelmalek Sellal tâtant le terrain pour une révision du système des retraites : "Il est inconcevable que les travailleurs partent à la retraite à 50 ans." Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a choisi le terme de la réunion tripartite tenue, hier, à Biskra, pour annoncer que le gouvernement compte en finir avec la retraite anticipée. Une annonce qui a l'allure d'un ballon-sonde, étant donné le caractère impopulaire de la décision envisagée. D'ailleurs, elle n'a pas été incluse dans le menu de cette réunion consacrée principalement à la mobilisation de l'outil national d'investissement dans ce contexte économique difficile, marqué par la chute des prix du pétrole et la raréfaction des recettes fiscales de l'Etat. Mais que l'annonce soit faite justement à Biskra, à l'occasion de la tenue de la réunion tripartite, est une manière pour le gouvernement d'impliquer ses partenaires dans la décision. Le moment de l'annonce créerait l'illusion d'un cautionnement. Et pour cause, la suppression de la retraite anticipée est une mesure dont l'application risque, en effet, de contrarier le gouvernement et ses deux partenaires de la tripartite, la Centrale syndicale et le patronat qui se complaisent dans la recherche de la paix sociale. Parce qu'au-delà de la rationalité économique qu'elle prône, elle pose une problématique d'équité. Celui qui aura cotisé 32 ans, quel que soit son âge, bénéficiera d'une retraite complète, au même titre que celui qui aura cotisé davantage et plus, en travaillant jusqu'à l'âge de 60 ans. Abdelmalek Sellal pense ainsi avoir la caution de ses partenaires sociaux pour revoir le système de retraite qui traîne les tares du plan de l'ajustement structurel imposé à l'Algérie par le Fonds monétaire international (FMI) dans les années 1990 avec son lot de fermetures des entreprises et des licenciements massifs des travailleurs. Le gouvernement avait adopté à l'époque "des dispositions relatives à la retraite anticipée applicables aux salariés du secteur économique susceptibles de perdre leur emploi de façon involontaire pour des raisons économiques ou dans le cadre d'une compression des effectifs ou d'une cessation légale de l'activité de l'employeur". Et ce, afin d'amortir l'impact social du plan d'ajustement structurel. Des dispositions qui donnent droit aux "salariés de sexe masculin âgés de 50 ans et aux salariés de sexe féminin âgés de 45 ans ayant travaillé pendant 20 ans et ayant cotisé à la Sécurité sociale pendant au moins dix ans de façon pleine, dont trois années précédant la fin de la relation du travail", à une retraite normale. Néanmoins, la Caisse nationale des retraites (CNR) n'arrive plus à supporter le coût de ces dispositions, notamment en ces moments de crise économique où il y a moins de cotisants et où l'Etat ne peut plus la subventionner comme au temps de l'opulence. "Il est inconcevable que des travailleurs partent à la retraite à 50 ans ou moins car ils ont accompli 32 ans de services, alors que la Caisse nationale des retraites prend en charge leurs pensions", a déclaré Abdelmalek Sellal en marge de la tripartite, ajoutant que le gouvernement compte réviser le système actuel de la retraite anticipée. L. H.