L'annonce évacue l'éventualité d'un renouvellement de bail pour "le candidat du consensus" lors de la prochaine élection présidentielle et suggère en même temps une compétition électorale ouverte. Le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Amar Saâdani, a tranché : le parti présentera son propre candidat à l'élection présidentielle de 2019. "Le FLN présentera son candidat en 2019, et l'urne tranchera", a-t-il soutenu, hier, en marge d'une conférence sur la Révolution du 1er Novembre 1954 à l'APN. Inhabituellement prématurée, l'annonce suppose l'exclusion d'une candidature de consensus, comme c'est le cas avec celle de Bouteflika depuis 1999. Elle évacue, par conséquent, l'éventualité d'un renouvellement de bail pour "le candidat du consensus" lors de la prochaine élection présidentielle. Au-delà, elle suggère une compétition électorale ouverte. Le patron du FLN, qui surprend par son assurance quant à faire chevaucher à son parti l'aventure électorale ultérieure en solitaire, ne s'embarrasse, d'ailleurs, pas d'états d'âme pour signifier à Ahmed Ouyahia qu'aux yeux du FLN, le RND, jadis allié, ne compte pas mieux que le reste des formations politiques. Il le lui a rappelé d'une manière qui ne souffre aucune ambiguïté, au travers d'un commentaire au sujet de l'initiative de "front de soutien au programme de Bouteflika" que le FLN étrenne. "L'initiative du FLN est une initiative nationale qui a été présentée aux partis politiques, dont ceux de l'opposition, et aux associations nationales qui seront destinataires de correspondances dans les prochaines semaines", a affirmé Saâdani, poursuivant que "l'initiative est ouverte à tous et le RND fait partie des dizaines de formations politiques et peut user de son libre arbitre". Il est clair, cela noté, que le secrétaire général du FLN n'apprécie plus, désormais, l'allié d'hier comme un partenaire privilégié. Mieux encore, il s'emploie, notamment depuis cet été 2014, à gêner ses initiatives politiques, surtout celles prétendant à quelques démarches solidaires. N'a-t-il pas rejeté promptement la proposition d'Ahmed Ouyahia de relancer l'alliance présidentielle en l'élargissant à deux ou trois nouvelles formations qui gravitent dans la périphérie du pouvoir ? Avec l'annonce qu'il a faite hier, on comprend mieux pourquoi Saâdani ne veut pas enfermer le FLN dans une alliance interpartisane. Une telle structure aurait imposé au parti une obligation de solidarité, sinon, à tout le moins, le contraindre à une démarche concertée autour des questions politiques déterminantes, l'élection présidentielle comprise. En allant de sa propre initiative, le FLN s'exonère de cette solidarité qui pourrait s'avérer fort handicapante au moment des choix politiques majeurs. C'est aussi pour cette raison que Saâdani a choisi de travailler à la reconstitution d'un large agglomérat autour du FLN comme structure pivot. Un agglomérat qui recrutera dans les partis politiques et au-delà. Si le "front national" auquel appelle Saâdani prend prétexte dans le soutien au programme du président de la République, son rôle devrait transcender cette mission d'étape. Le fameux "front" jouerait, le moment venu, le rôle d'appoint électoral aux ambitions du FLN. Comme au temps du parti unique où ce rôle était dévolu aux organisations dites de masse. S. A. I.