Le secrétaire général du parti du Front de libération nationale (FLN), Amar Saâdani, a tenu une conférence de presse, hier, à l'hôtel El-Aurassi à Alger. Il a opposé un "non" à l'invitation d'Ahmed Ouyahia pour la reconstruction de l'alliance présidentielle, tout en égratignant Louisa Hanoune qui, à l'en croire, aurait demandé une intervention de l'armée dans l'arène politique, et Ali Benflis qui a eu droit à un "Benflis est le dernier qui doit parler du FLN !". Amar Saâdani, qui a estimé qu'il était "prématuré" de reconstruire cette alliance, a surtout rappelé à son allié au gouvernement, le RND, que le FLN est majoritaire au niveau des institutions élues et au gouvernement. En posant ses conditions : "Le FLN doit être la locomotive de toute action commune et l'alliance doit se construire autour de projets et non de personnes." Ce lexique plus ou moins diplomatique utilisé par le SG du FLN cache mal, néanmoins, une position tranchée par rapport aux présumées velléités d'Ouyahia de briguer la magistrature suprême. En tout cas, Saâdani semble signifier au SG du RND qu'il ne pourrait compter sur lui pour un partenariat de longue durée. Pourtant, la proposition d'Ouyahia, qui suggère aux partis présents au gouvernement de se constituer en pôle afin de mieux contribuer à la concrétisation du programme du Président, ne souffre d'aucune ambiguïté en l'espèce, elle se veut de soutenir une personne : Abdelaziz Bouteflika. Ainsi, Amar Saâdani a reformulé cette proposition d'Ouyahia pour se positionner en locomotive d'une autre initiative moins encombrante, celle d'un "front" accompagnant le programme du Président. "Le FLN appelle à la constitution d'un front national élargi à tous les partis et à toutes les organisations de la société civile ayant soutenu le président de la République pour son quatrième mandat", a-t-il déclaré. Et de préciser qu'il n'est intéressé que par l'"unification" des positions sur les questions nationales et celles liées à la législation, annonçant qu'il rencontrerait la direction du RND une fois le bureau politique du FLN composé pour discuter du sujet. Sur un autre plan, Amar Saâdani s'en est pris aux partis de l'opposition qui, selon lui, "n'ont pas de programme et ne proposent aucune alternative". En effet, en commentant la levée de boucliers face au geste, "amical" à ses yeux, du chef d'état-major de l'armée qui lui a adressé une lettre de félicitations après son intronisation à la tête du FLN, Amar Saâdani a d'abord défendu Gaïd Salah qui, d'après lui, n'a jamais enfreint la Constitution. "L'armée n'a pas fait de présidents depuis qu'il (Gaïd Salah, ndlr) est là", a-t-il ajouté, soulignant que le chef d'état-major a refusé d'interférer au moment où des partis ont invoqué l'application de l'article 88 de la Constitution pour destituer le président Bouteflika à cause de son état de santé. Il a ensuite décoché une flèche en direction de "Louisa" (Louisa Hanoune, SG du PT, ndlr), l'accusant d'avoir demandé à Ahmed Gaïd-Salah, quand il l'a reçue à la veille de l'élection présidentielle d'avril 2014, d'intervenir. La SG du PT qui n'a pas ménagé le chef d'état-major à cause de cette missive, la qualifiant de "viol de la conscience des troupes", n'est pas à son premier clash avec Saâdani qu'elle a fustigé à plusieurs reprises pour plusieurs raisons, notamment au sujet des soupçons qui planent sur lui dans l'affaire de la Générale des concessions agricoles (GCA) et son présumé rôle dans le détournement de terres. Et Saâdani ne l'a pas manquée hier. "Elle revendique la neutralité de l'armée, mais c'est elle qui est allée demander à l'armée d'intervenir", a-t-il asséné. S'agissant de Benflis, Saâdani a estimé qu'"il faut d'abord constituer son parti pour pouvoir parler". Last but not least, à une question relative à une éventuelle candidature de Saïd Bouteflika à la présidentielle dans un scénario de succession héréditaire, le SG du FLN s'est dit "ne pas vouloir prêter le flanc à des hypothèses invraisemblables". "Le Président assume toujours ses fonctions et il serait erroné de prétendre le contraire", a-t-il affirmé. L. H.