Le poste de sénateur s'achète et ce n'est pas un scoop. La pratique est courante, directe ou indirecte, et c'est le patron du FLN, Saâdani, en personne, qui le rappellera. D'Oran, il n'a pas hésité à qualifier les élus, qui marchandent leurs voix au plus offrant, de harkis. Un comparatif maladroit mais qui illustre bien le marché des sénatoriales, très loin des préoccupations citoyennes, le vote ne concernant que les grands électeurs entre élus APC et APW de la wilaya. À Oran, où c'est le traditionnel binôme partisan qui se partage les deux postes à pourvoir ; le deuxième rendez-vous étant programmé pour 2017 ; les candidats FLN et RND semblent partis pour se disputer la victoire. Pour le parti d'Ouyahia, le candidat est tout désigné en la personne de Abdelhak Kazi Tani, l'actuel président de l'Assemblée populaire de wilaya (APW) et coordinateur du RND à Oran, qui a été plébiscité par les cadres du parti lors d'une assemblée générale qui a regroupé tous les élus locaux du RND ainsi que ses députés. Quant au FLN, ce n'est qu'aujourd'hui, en principe, que sera connu le nom de son candidat après les primaires qui auront lieu au siège de la mouhafada avec trois hommes qui se disputeront les voix locales du parti. Ainsi, Fethallah Chaâbni, un transfuge du FNA, Habib Kaddouri, le maire d'Es Sénia et Fethi Sirat, membre de l'APW, espèrent être dans la course pour remplacer Tayeb Mahiaoui au Sénat. Deux autres candidats, un indépendant et un élu représentant le parti Jil Jadid seront également présents dans les starting-blocks en cette fin décembre. Si le FLN part grandement favori avec quelque 200 voix dans son escarcelle, on craint une dissension dans ses rangs et une perdition des voix encouragée par cette fameuse chkara dénoncée par Saâdani. "Vous savez, vous pouvez acheter toutes les voix que vous voulez mais vous ne pouvez pas garantir ces voix dans l'urne. Tout dépend des relations avec les élus", nous dira un ancien sénateur. "70% de popularité et 30% de moyens", précisera-t-il. Ce qui est certain, c'est que les tractations ont débuté et les promesses et les prix s'affichent déjà. S. O.