Résumé : Nardjesse est offusquée par les révélations de Nawel. Elle, qui pensait que sa voisine était heureuse et comblée dans sa vie, la voici qui découvre que cette dernière avait vécu l'enfer d'une profonde déception. Nawel souffre encore de cette malheureuse étape dans sa vie et était sujette à des crises de mélancolie, qui la poussaient parfois à penser au suicide. Lorsqu'elle l'avait frôlée pour la première fois, cette idée l'avait effrayée, au point où elle s'était glissée dans son lit et a tiré la couverture sur elle. Mais avec le temps, l'idée est devenue banale. Vivre une vie qui n'était pas la sienne suffisait à la démotiver. La mort lui faisait peur certes, mais elle refusait de penser au suicide comme au début. Non. Elle n'irait pas jusque-là. Elle saura se montrer forte et remonter du gouffre noir qui l'avait engloutie des années durant. Son psy lui avait conseillé de changer de vie. Comme si cela était aussi facile que tourner la clef dans le trou d'une serrure. Elle remercie Mourad pour son geste, et ce dernier lui conseille de se rendre à la foire du livre qui se tenait depuis quelques jours dans une grande salle d'exposition de la ville. Elle se promet de s'y rendre en début de semaine, car on était déjà la veille d'un week-end. Demain, si le soleil est au rendez-vous, elle se rendra pour une longue promenade sur la plage. Le jour suivant, le soleil brillait de mille feux. Nawel se hâte de prendre quelques affaires et de quitter la maison pour se rendre à la plage. Elle s'arrête devant un kiosque, prend quelques journaux et du chocolat. Elle s'était préparé du thé et avait glissé quelques petits-fours préparés par sa sœur dans son fourre-tout. On était au milieu de la matinée, et la plage lui semblait déserte. Pourtant, au large, quelques barques de pêche tanguaient, et non loin d'elle quelques pêcheurs retiraient leurs filets de l'eau. Elle plante son parasol dans le sable, dépose ses affaires et se met à faire de petites foulées au bord de l'eau. L'air iodé emplit ses poumons. Elle se met à courir plus vite. Son cœur cognait dans sa poitrine. Son souffle devenait plus court. Elle s'arrête alors, et fait quelques mouvements de ses bras comme pour se débarrasser de ses mauvaises idées. Elle se laisse enfin tomber sur son tapis, et retire de son sac son nouveau livre pour se plonger dans la lecture. Le silence qui l'entourait lui permettait d'apprécier ce moment d'évasion. Elle reprenait goût à la lecture et se promet de faire le plein de livres à la foire. Au bout d'un moment, elle retire ses lunettes de vue et dépose son bouquin pour jeter un coup d'œil alentour. Un homme marchait au bord de la mer. Elle ne l'avait pas entendu arriver. C'était l'homme de la dernière fois. Il était habillé d'un jogging et jouait avec un chien. L'animal courait derrière lui. Nawel les suit des yeux. Cet étranger devait être un habitué des lieux. C'est sûrement quelqu'un qui aime la mer. Elle remet ses lunettes et replonge dans sa lecture. Pas pour longtemps. Le chien vint la frôler et piétine ses affaires avant de s'éloigner. Elle relève la tête et remarque l'air courroucé de l'homme. Il se met à crier à l'encontre de l'animal, avant de s'approcher d'elle : -Désolée madame. Ce chiot est un peu excité aujourd'hui. Elle ébauche un sourire : -Ce n'est rien, il m'a juste frôlé. -Vous m'en voyez navré. Toutes mes excuses. Je m'appelle Nabil. Il tendit sa main et elle hésite une seconde avant de tendre la sienne : -Moi, c'est Nawel. Nous nous sommes déjà rencontrés la dernière fois. -Oui. Je vous ai reconnue. Vous n'êtes pas une habituée de lieux à ce que je vois. -Non, pas vraiment. Le week-end dernier, j'étais trop occupée pour penser à m'évader. Mais aujourd'hui, ce beau soleil a balayé toutes mes hésitations. -À la bonne heure. Vous devriez profiter des prochaines journées printanières. Cette plage est un vrai éden. Elle est un peu isolée, c'est pour cela que les promeneurs se font rares par ici. -J'aime bien le calme qui caractérise les lieux. Mes nerfs sont saturés, et j'aimerais pouvoir me détendre. -Avec ce chien, ce n'est pas évident pour aujourd'hui. Elle rit : -Le chien ne me dérange pas. J'aime les animaux. -Eh bien, c'est tant mieux pour tout le monde alors. (À suivre) Y. H.