Résumé : Le lendemain était un week-end. Nawel, qui ne sortait plus très souvent, décide de passer la journée à la plage. Salima, sa jeune sœur, était en plein ménage et lui suggère de s'occuper davantage de sa petite personne. Incorrigible, Nawel prend son PC. Salima lui en fera le reproche. Nawel promet de se prélasser sur la plage étant donné que la journée s'annonçait belle. Nawel frissonne au contact de l'air froid qu'elle reçoit en plein visage à la sortie de l'immeuble. Elle s'empresse de s'engouffrer dans son véhicule et démarre. Il est vrai qu'elle était un peu frileuse, et le cadran de son véhicule affichait 12°C. "Avec cette température, je vais avoir la plage à moi toute seule aujourd'hui", se dit-elle. Elle roule un long moment sur l'autoroute, avant de bifurquer vers la côte. Quelques automobilistes se rabattent sur la droite pour céder le passage à un cortège de mariée. Elle s'arrête pour ne pas encombrer la voie, puis quitte la file pour prendre un raccourci. Ouf ! Elle est enfin arrivée. Elle se gare à proximité de la plage et descend se dégourdir les jambes. L'air marin la revigore immédiatement. Elle s'étire et prend une lente inspiration, avant de courir vers les vagues qui ourlaient le bord de l'eau. Quel bonheur de pouvoir se défouler un peu et d'extérioriser son trop-plein d'énergie. Le froid piquant ne la découragea point à faire quelques petites foulées, avant d'étaler un tapis sur le sable et de s'y laisser tomber pour admirer le pittoresque panorama naturel que les reflets solaires rendaient romantique et irréel. Elle fouille dans son sac pour prendre son iPhone et filmer ces images d'une beauté à couper le souffle. Un peu plus apaisée, elle s'étendit de tout son long et ferme les yeux. Il est vrai qu'elle ne pensait même plus à prendre des vacances. Ces dernières années, elle ne vivait que pour son travail. Sa seule passion. Elle soupire. Elle rêvait et faisait rêver. Pourtant l'amour pour elle demeure ce grand inconnu. Elle n'avait jamais eu de chance dans ce domaine. Jamais ! Son cœur se serre. La solitude la guette. Un jour, elle se retrouvera seule et abandonnée de tous. Personne ne se rappellera d'elle. Une larme effleure sa joue. Son rêve de fonder un foyer et d'avoir des enfants s'est envolé. Elle avait dépassé l'âge d'être maman. Elle était trop vieille ! Qui voudrait d'elle ? Elle ouvrit ses yeux et constate que le soleil avait disparu. Des nuages gris s'amoncelaient au loin. Elle se relève sur un coude et jette un coup d'œil alentour. Une barque tanguait à quelques mètres de la plage. Un pêcheur sûrement. Mais elle constate aussi qu'une voiture était garée non loin de la sienne. Quelqu'un était venu. Elle regarde dans tous les côtés et remarque un homme qui s'amusait à ramasser des coquillages puis à les lancer au loin dans l'eau. Un romantique comme elle ? À n'en pas douter. Ce n'est pas tous les jours que quelqu'un s'amuse à ce jeu, surtout en cette période de l'année. Elle se rallonge un moment, puis se relève et prend un livre dans son sac. Un peu de lecture ne lui fera pas de mal. Elle aimait bien la lecture, mais avait tendance à l'oublier ces derniers temps. On dirait qu'elle s'était engouffrée dans une spirale sans fond, où l'atmosphère était saturée de tristesse et de chagrin. Une sensation désagréable dont elle connaissait un bout. Elle avait déjà été sujette à de longues crises de mélancolie qui avaient faillit l'emporter. Des crises dont elle garde encore des séquelles amères et terribles. Quelquefois, ces troubles remontaient du fond de son âme et lui rappelaient de tristes moments. Elle n'avait dû son salut qu'à son courage et au soutien de quelques amis. Elle tressaille. Non, elle n'aimerait pas repasser par ce tunnel qui ne pouvait mener qu'à un désastre. Elle avait trop souffert. Les crises s'étaient espacées ces derniers temps, mais parfois il suffisait de peu pour les provoquer. Son médecin lui avait certifié que le stress combiné à une fatigue intellectuelle en étaient la cause. Mais elle savait qu'il y avait autre chose. Il y avait ce vide affectif dont elle souffrait, et cette déception sentimentale qui avait tout détruit sur son passage. Elle sentit les battements désordonnés de son cœur. Elle pensait avoir rencontré l'amour. Une illusion qui l'avait entraînée dans les dédales lugubres d'un canular savamment monté par un être diabolique : Fayçal. À l'évocation de son nom, son cœur battit plus fortement dans sa poitrine. Elle ne l'avait jamais oublié ! Le roman de sa vie remonte en surface. Un roman plein d'embûches et d'incompréhensions. Les gens enviaient sa réussite intellectuelle. Personne ne connaissait le poids du fardeau qu'elle avait porté des années durant sur sa conscience. Etait-ce sa faute si elle avait aimé sans barrière ? Elle avait donné son cœur à quelqu'un qui ne méritait même pas sa présence auprès de lui. Elle ouvrit son PC. Une idée venait de frôler son esprit. Elle inscrivit hâtivement quelques notes sur son écran, puis le referme. Au loin, l'inconnu avait cessé de jeter des coquillages dans l'eau et se promenait tranquillement au bord de la mer. (À suivre) Y. H.