Le président de l'Entente de Sétif, Hacen Hamar, révèle dans cet entretien les raisons ayant engendré le départ de l'entraîneur Madoui ; les négociations avec lui pour le dissuader de partir en Arabie Saoudite, les contacts avec les futures entraîneurs et son départ du club au mois de juin 2016... Liberté : Finalement, Kheiredine Madoui a décidé de s'en aller en dépit de votre insistance de le garder encore à la tête de l'Entente de Sétif. Qu'est-ce qui a motivé son départ ? Hacen Hamar : Il me semble qu'une partie de la réponse à votre question se trouve chez Madoui, que j'estime seul habilité à vous révéler les véritables motivations l'ayant conduit à nous laisser tomber, comme vous dites, pour opter pour un club saoudien. Toutefois, je peux le dire en m'adressant à nos supporters, puisque l'occasion m'est présentée à travers vos colonnes, que j'ai tout fait pour le convaincre de poursuivre son parcours avec nous. Nous avons passé de très longs moments à discuter et à palabrer, j'ai usé de toute mon influence et de diplomatie pour le dissuader de partir en Arabie saoudite, en vain. Il ne voulait rien entendre, il a finalement tranché en étroite concertation avec sa famille, sachant que sa mère voulait aussi qu'il quitte l'ESS en raison de la pression des fans. Je lui souhaite toute la réussite et le succès avec son nouveau club. Donc vous réfutez les accusations selon lesquelles certains avancent que vous l'aviez lâché à un moment très délicat de sa carrière ? Moi le lâcher ? C'est du n'importe quoi, heureusement que Madoui est toujours vivant et peut témoigner de ce que j'ai fait pour le maintenir. Depuis qu'il est à la barre technique du club, j'étais toujours homme avec lui et je le resterai toujours vis-à-vis de lui ; je l'ai soutenu même durant les moments les plus pénibles ; je l'ai soutenu, j'ai toujours dit que si on ose le pousser vers la sortie je quitterais le club avec lui ; je tiens toujours à cette conviction, sauf que cette fois-ci c'est lui qui a voulu partir ; je peux le dire avec fierté que j'étais un homme avec lui jusqu'au dernier moment. Doit-on comprendre par là que vous insinuez qu'il vous a lâché ? Moi j'ai toujours dit la vérité, je ne fais pas dans la demi-mesure ; chacun peut faire la lecture qu'il veut ; moi en tous cas, j'ai révélé dans les détails comment Madoui a quitté le club, libre à chacun d'interpréter ce que j'ai souligné. Je sais, par contre, que ce ne sont pas les insultes qui l'ont fait fuir comme le laissent entendre certains, il veut améliorer sa situation sociale, point. Dieu soit avec lui, pas la peine d'inventer des arguments. Pour moi, c'est clair, net et précis, la parenthèse de Madoui à l'Entente de Sétif est définitivement tournée ; on doit maintenant lorgner vers l'avenir pour préparer nos futures échéances. Vous avez donc notifié la résiliation du contrat à l'amiable ? (Il marque un temps d'arrêt). Vous voulez savoir la vérité, moi je n'ai pas encore signé la résiliation du contrat, la résiliation s'est faite d'une manière unilatérale, si j'étais mauvais ou de mauvaise foi, je peux à tout moment le bloquer, mais comme je l'ai dit, je serai toujours un homme avec lui, je ne suis pas le type qui veut du mal aux autres, je ne suis pas machiavélique, je vais me pencher sur cette question dès demain, le temps de trouver un entraîneur. Pourtant, on a annoncé Tewfik Rouabah ? Ceux qui ont annoncé cet entraîneur n'ont qu'à aller concrétiser avec lui, c'est du n'importe quoi, les gens veulent s'immiscer dans notre travail en nous imposant X et Y ; la décision d'engager un entraîneur ne reviendra qu'à moi et mes proches collaborateurs, personne n'a le droit de nous imposer quoi que ce soit ; on choisira l'homme qui répond au profil recherché. Justement, avez-vous une idée sur cet entraîneur que vous voulez engager ? La mini-trêve du championnat tombe à pic, elle va nous permettre de choisir l'homme qu'il faut en toute tranquillité et d'opter pour celui qui va redonner une nouvelle dynamique et un sang nouveau à l'équipe. Vous privilégiez la piste d'un entraîneur local ou un étranger ? Ce sera un entraîneur étranger ; je peux vous l'annoncer en exclusivité sur vos colonnes, on songe réellement au Français Bernad Simondi, on a eu une touche avec lui, je dois discuter aujourd'hui pour voir ses intentions et ses ambitions avec le club ; j'estime que c'est un entraîneur qui a une très forte personnalité, c'est un gros calibre qui a l'avantage de connaître la maison de l'Entente avec laquelle il a remporté la LDC arabe ; il a donc fait ses preuves ; en plus c'est un homme de principe, voilà pourquoi je veux Simondi chez moi ; je sais qu'il mettra de l'ordre dans l'équipe ; l'ESS a besoin d'un entraîneur de sa trempe ; si tout va bien, on va concrétiser avec lui avant la fin de cette semaine. Au cas où vous trouveriez accord avec lui, la question du staff technique sera-t-elle tranchée lors des négociations ? Sur ce plan-là, je ne pense qu'il ait des problèmes, on a déjà un staff sur place, Amara Merouani superviseur et adjoint entraîneur, Azzedine Berarma entraîneur des gardiens de but ; on cherche maintenant un préparateur physique, car Belkhier est parti avec Madoui en Arabie Saoudite. Comment les joueurs ont-ils perçu le départ de Madoui ? Vous savez très bien que chez nous, ceux qui jouent titulaires ne seront pas contents, c'est évident ; par contre, ceux qui étaient remplaçants applaudissent ce départ ; on ne déroge pas à cette règle. La récente défaite à domicile face à l'USMH vous a-t-elle fait mal ? Mal non, mais à force de rater on finit par encaisser un but ; c'est ce qui nous est arrivé face à l'USMH ; un match qu'on avait la possibilité de gagner aisément ; on s'est fait avoir durant les derniers moments de la partie ; il était trop tard pour y revenir. L'Entente touchera-t-elle une quote-part du transfert de Madoui en Arabie Saoudite ? En principe oui, je lui ai clairement expliqué la situation en lui disant qu'il pouvait un jour ou un autre revenir au club ; il vaudrait mieux pour lui de laisser sa place propre, en versant la quote-part ; il était d'accord et m'a dit qu'il versera dans le compte du club le montant exigé dès qu'il touchera ses salaires. Je ne cesse de le dire et de le répéter, c'est l'Entente de Sétif qui nous fait tous un nom, on doit lui être reconnaissant ; sans ce club, personne ne nous connaît à Sétif ou en Algérie ; donc soyons reconnaissant envers ce légendaire club qui vient de remporter son 25e titre toutes compétitions confondues. Je n'écarte pas mon départ d'ici le mois de juin prochain comme je l'ai déjà annoncé ; il faut savoir quitter la table comme dirait l'autre. R. A.