Au lendemain des attaques terroristes, Paris est une ville blessée, meurtrie, vidée de ses milliers de touristes et de sa joie de vivre. Paris ville meurtrie, vidée de ses milliers de touristes et de sa joie de vivre. Paris qui pleure, qui se recueille. La ville lumière affiche un visage sombre. Elle porte l'habit de deuil. Hier matin, alors que les consignes de confinement sont encore en vigueur, des Parisiens encore sonnés par les événements de la veille se sont rendus sur certains lieux des attentats pour rendre hommage aux victimes. Des bouquets ont commencé à fleurir dès le matin la place de la République. Un homme a posé son piano devant le théâtre du Bataclan pour jouer des notes de musique. D'autres se sont agenouillés dans un geste de prière comme cette femme devant le bar Le Carillon au coin des rues Bichat et Alibert où des tireurs la veille ont ouvert le feu et tué au moins 12 personnes. Le bilan encore provisoire de l'ensemble des attaques, huit au total, fait état de 129 morts et de 350 blessés. Un deuil national de trois jours a été décrété. À la mairie de Paris comme sur l'ensemble des édifices officiels de France, les drapeaux ont été mis en berne. Anne Hidalgo, maire de la capitale, est sous le choc. "C'est l'horreur, les quartiers visés sont des quartiers où la jeunesse aime sortir, où on aime vivre librement, où on aime se mélanger au reste du monde. Bien sûr, je suis plongée comme tous les Français et tous les Parisiens, dans ce deuil, dans cette horreur, et en même temps on doit rester debout", a-t-elle affirmé. Le même discours, mêlant des sentiments d'effroi et de détermination, a été prononcé quelques heures seulement après les attaques par le président de la République. Peu avant minuit, François Hollande est apparu à la télévision pour évoquer "l'horreur absolue" d'un vendredi noir que l'histoire retiendra sûrement. Un peu plus tard, devant le théâtre du Bataclan où un massacre venait d'être commis, il a évoqué "un combat impitoyable" que la France va mener. "Quand des terroristes sont capables de faire de telles atrocités, ils doivent être certains qu'il y aura en face d'eux une France déterminée, une France unie, rassemblée et une France qui ne se laissera pas impressionner", s'est engagé le locataire du palais de l'Elysée qui s'est mué, en l'espace d'une soirée, en chef de guerre. Joignant le geste à la parole, il a énoncé un certain nombre de mesures exceptionnelles, comme l'instauration de l'état d'urgence dans tout le pays, la fermeture des frontières, l'appel en renfort des militaires, la conduite de perquisitions... pour rétablir la sécurité et traquer les auteurs d'attaques synchronisées d'une ampleur jamais égalée. Tout a commencé vendredi peu avant 21 heures. Deux kamikazes se font exploser aux alentours du Stade de France, dans la Seine-Saint-Denis, où se déroule un match amical de football entre les équipes de France et d'Allemagne et auquel assiste le président Hollande. Peu après ces attentats-suicide, les premiers du genre en France, des fusillades à l'arme de guerre ont lieu dans sept points de la capitale, à République et à Charonne notamment. Les tireurs ciblent la foule des noctambules et des clients de bars et d'un restaurant. Au même moment, une prise d'otages était en cours au théâtre parisien du Bataclan où des centaines de spectateurs assistent à un concert de hard-rock. L'assaut donné par les forces de l'ordre peu après minuit a dévoilé un véritable carnage. Selon les témoignages recueillis sur place immédiatement après, des dizaines de cadavres jonchaient le sol de la salle de spectacle. Plus d'une centaine de personnes y ont péri et des dizaines d'autres blessées. Ce samedi, les établissements scolaires et universitaires ainsi que les musées sont restés fermés toute la journée. En fin d'après-midi, ils étaient encore des centaines à faire la queue devant les services des urgences des hôpitaux (où un plan blanc a été déclenché) pour faire des dons de sang. Ils étaient également nombreux à ne pas avoir eu encore de nouvelles de leurs proches qui n'ont pas donné signe de vie depuis les attentats. Paris qui pleure a aussi peur. Des rassemblements prévus aujourd'hui risquent de ne pas avoir lieu. La préfecture de police de Paris appelle à la prudence. Elle a interdit tout attroupement sur la voie publique que des tireurs fous viennent de transformer en boucherie. S. L.-K.