Cette nouvelle publication de l'ANEP, est un recueil de chroniques "instantanées" sur une époque bien "révolue" où l'auteur raconte la "réalité" du quotidien algérois qui se dégrade de jour en jour. "Alger est le lien solide qui nous lie encore à un passé récent où les citadins pouvaient encore profiter des trésors d'une cité généreuse et riche de lieux exceptionnels..." Et c'est cet Alger d'autrefois que tente de nous faire "re"-découvrir Noureddine Louhal dans ce recueil de chroniques "instantanées" sur une époque bien "révolue" qui nous manque tant. Des articles de presse datés nous renvoient à des scènes vécues qui restent gravées dans la mémoire, à des endroits riches de leur histoire, à des moments inoubliables vécues dans une capitale où il faisait bon vivre entre citoyens qui s'apprécient, entre citadins qui se respectent et respectent ces lieux "sacrés" qui leur appartiennent à tous et dont ils se sentent tous responsables. Entre ses cafés, ses restaurants, ses bars, ses salles de cinéma, ses zniqat, ses taxis, cette ambiance qui sentait la vie, Alger scintillait de mille feux, puis est venue la maudite décennie, et toute la noirceur qui s'en est suivie. Alger n'était plus cette "ville si candide qu'on appelle Alger la blanche" comme le disait si joliment Anna Gréki. Alger est devenu ce cimetière à ciel ouvert où tout est "normal", où les gens "avancent à l'arrière", où "les moutons entrent à Aïn-Naâdja", où à chaque rue, vous vous entendez dire "C'est un parking payant", où prendre un taxi devient impossible et où la "koursa" devient monnaie courante. Noureddine Louhal dans ces écrits instantanés d'époque dit toute la réalité du quotidien algérois qui se dégrade de jour en jour. Et quand on tente de rafistoler quelque chose quelque part, c'est en "fardant Alger la blanche d'un zeste d'arc-en-ciel" avec par exemple un budget de cinq milliards pour "blanchir" El Djazaïr et tenter de reconquérir ce statut perdu et légendaire de "Bled Sidi Abderrahmane", mais peine perdue selon l'auteur car "El Qualaâ n'a de cesse de hurler le tourment d'une cité qui perd peu à peu ses repères. A commencer par l'altération de la "candeur" de ses murs qu'on ne voit plus derrière l'écran de graffitis et qui l'enlaidissent autant que l'amalgame de kits paraboles et de... clim.» Ainsi, au fil des pages et des chroniques, le lecteur découvrira : Adwaa ala al baladiat; Alerte à la malbouffe; " Des noms et des lieux oubliés" ; "Djamaâ Farès" (La grande synagogue juive de La Casbah d'Alger) ; La zlabia, une sucrerie rare et coûteuse; la rue Tanger, l'autre carrefour du petit bourgeois" ou encore "Cafés d'Alger, ces relais d'échange et d'amitiés." L'auteur a beau s'en défendre, mais cet écrit est inspiré d'une "nostalgie" en somme "légitime" pour un passé qui paraît meilleur que ce présent qui nous fait peur et qui n'augure rien de bon pour l'avenir d'une ville qui se meurt. Un SOS lancé pour prendre conscience de ce que nous sommes en train de faire de notre "Alger la blanche"... Samira Bendris «Instantanés sur une époque », de Noureddine Louhal, Anep Editions, (octobre 2015), 250 pages. 700 DA