Paru aux éditions Anep, à l'occasion du Salon international du livre d'Alger, l'opus de Louhal Nourreddine se veut comme une note empreinte d'une douce nostalgie de l'Alger de l'« autrefois » où la vie s'exaltait à chaque coin de rue. A lire « Instantanés sur une époque » de notre confrère Louhal Nourreddine, on en arrive à la conclusion que l'époque d'hier est identique à celle d'aujourd'hui. En tout cas, c'est le constat dressé au jour le jour d'une époque, particulièrement celle des années 1990, où le beylik d'alors donnait l'impression d'avancer les yeux bandés comme au jeu du Colin Mallard de notre tendre enfance. L'œil aux aguets et la plume à l'affût, l'auteur s'interroge sur ce qu'est arrivé à Alger, sa ville, la nôtre, devenue si triste, eu égard à la perte de repères. En effet, si l'auteur se félicite de la renaissance du Milk-Bar et du Cercle Taleb Abderrahmane, en revanche, il déplore la perte de la Cafétéria d'Alger sises à la rue Didouche-Mourad, ce haut lieu de la résistance du temps de l'épopée héroïque de l'historique Zone autonome d'Alger. L'auteur évoque aussi la disparition des cafés d'antan qui faisaient la notoriété de l'Alger, où il faisait bon vivre autour d'un thé à la menthe et d'une partie bruyante de dominos. Au demeurant, l'autre nous convie à une promenade dans les jardins d'Alger et à la rue Amar-El Kama, où les vestiges racontent l'époque de la « z'niqat » (venelle) des tebakhine » (ces restaurants populaires). Quoi qu'il en soit, l'Alger Hausmanien n'est pas en reste, du fait que l'auteur pleure la rue Ahmed-Chaïb (ex-de Tanger), particulièrement la disparition du « Roi de la Loubia », où se régalaient des générations de cinéphiles, avant une séance de projection aux salles de cinéma Dounyazad, le Marivaux, le Casino et la cinémathèque. C'est dire, que le livre « Instantané sur une époque » se veut ce guide et en même temps ce cri de cœur de l'auteur, poussé sur les décombres d'une foule d'endroits, hautement symboliques d'une capitale qui reste, en dépit de tous ces aléas, la plaque tournante du pays où se donnent rendez-vous les habitants d'ici et de l'Algérie profonde. Bien entendu, le service public n'est pas épargné, du fait que l'auteur pointe du doigt aussi bien l'inconvenante attitude le transporteur privé urbain que les couacs d'une administration pas tout le temps au point.