Le transfert d'environ 54 000 euros en guise de caution exigée par les Saoudiens bloque l'activité des agences de voyages qui réclament une solution urgente à ces "contradictions" bancaires. Les avancées enregistrées en termes du dialogue établi entre les agences de voyages et les autorités représentées par le ministère des Affaires religieuses et l'Office national de pèlerinage et de la Omra (Onpo) ne semblent pas être en mesure de régler les déboires vécus au quotidien par les professionnels du secteur. Certes, les représentants des syndicats des agences de voyages (Snav) et ceux de la Fédération (Fnat) ont arraché le principe de changement de certaines dispositions contenues dans le nouveau cahier des charges élaboré par l'Onpo pour la Omra 2016 sans pouvoir l'annuler comme souhaité initialement. Mais ce qui attise le courroux des agences va au-delà de certaines contraintes évoquées par le document en question (réajusté) et concerne un problème de fond que les autorités feignent d'ignorer. Les banques primaires, selon nos interlocuteurs, refusent de transférer, sans justificatif de la provenance, l'argent de la caution, à savoir les 54 000 euros, soit l'équivalent de 200 000 riyals saoudiens, que chaque voyagiste est tenu de déposer auprès du partenaire saoudien (via une banque locale). Ils insistent : "Les banques nous mettent vraiment dans une mauvaise posture, voire dans l'impossibilité de nous exécuter, sachant, pertinemment, que cela va être difficile en plus du fait qu'en termes d'écriture comptable, nous aurons des difficultés à justifier cette dépense à l'administration fiscale." Désemparés par pareille injustice ou indifférence, les voyagistes dénoncent : "La caution a doublé et c'est pénalisant car cela engendre une nouvelle dépense, et comme si cela ne suffisait pas les banques viennent nous achever". Et de poursuivre : "Les banques sont habituellement clémentes. Nous ne comprenons pas ce revirement, même si certains arrivent, via des moyens détournés, à s'en sortir. Là aussi, c'est la politique du deux poids deux mesures qui est pratiquée à notre insu." Très critiques, les agences de voyages avancent, toutefois, des solutions sans arriver à se faire entendre. "Dans la mesure où les agences de voyages qui opèrent la Omra sont identifiées et travaillent selon un cahier des charges établi par les autorités, la logique voudrait que toutes les parties auraient tout à gagner si ces mêmes autorités allaient jusqu'au bout du processus en désignant une banque qui s'occuperait de cela en se mettant d'accord avec les Saoudiens de manière à être garante, et éviter que des devises sortent du pays ou que les agences de voyages recourent, malgré elles, à des moyens illicites pour s'en sortir. Ou alors qu'ils nous disent, une fois pour toutes, de cesser notre activité et d'en finir avec ces contradictions bancaires." Force est de constater, en effet, que l'absurdité de certaines décisions, visiblement prises à la légère et sans se référer aux professionnels de l'activité qui, eux, sont confrontés à la réalité du terrain, ne fait qu'envenimer les relations et impactent négativement sur la qualité des prestations lésant davantage le pèlerin algérien. Outre l'augmentation des tarifs des titres de transport décrétée par Air Algérie (5%), les agences de voyages ont été surprises de faire l'objet d'un document creusant davantage une dichotomie à peine voilée entre les agences qui disposent de moyens sans être forcément professionnelles et d'autres qui n'ont pas de grands moyens mais disposent d'un savoir-faire avéré sur ce type de produit. En plus clair, le document prévoyait, entre autres, de mettre toutes les agences sur un pied d'égalité, qu'elles soient professionnelles ou pas, en leur permettant sans exclusion de faire la Omra. Le seul critère de sélection réside dans la capacité de payer 2 millions de dinars (dépôt de garantie) en plus de 2 500 DA au lieu de 750 DA par pèlerin. La première somme est censée couvrir les droits du pèlerin comme si le contrat de voyage ne suffisait pas et la seconde devrait couvrir une éventuelle prise en charge en cas d'égarement d'un pèlerin. Après plusieurs entrevues entre les représentants du Snav, de la fédération avec ceux de l'Onpo, il a été décidé de supprimer la caution et de maintenir les 2 500 DA. Le cahier des charges dans sa version finale sera disponible, selon des sources fiables, aujourd'hui même ou, au plus tard, demain. N. S.