Dans la série d'hommages organisée au Festival de Annaba du film méditerranéen à la maison de la culture Mohamed-Boudiaf, il a été projeté en avant-première le documentaire Amar Laskri, le cinéaste engagé. Dans ce film, de nombreux réalisateurs sont revenus sur ce pionnier du 7e art et sa grande générosité. Depuis l'ouverture du Festival de Annaba du film méditerranéen (FAFM), les longs-métrages en compétion sont projetés à raison de quatre séances par jour au Théâtre régional Azzedine-Medjoubi. Hormis la course pour le Anneb d'or, une douzaine de films hors compétition sont projetés à la maison de la culture Mohamed-Boudiaf dont la thématique porte sur la migration clandestine. Cette première édition a été marquée notamment par la tenue de plusieurs hommages à des personnalités du 7e art, décédées au cours de l'année 2015, on peut citer : Nour El Sherif, Benamar Bakhti et Omar Sharif. L'après-midi de lundi a été consacrée au réalisateur Amar Laskri, l'un des pionniers du cinéma algérien. Pour rendre hommage à ce grand homme, il a été projeté an avant-première le documentaire Amar Laskri, le cinéaste engagé. Ce film de 52 minutes, réalisé par Rabia Amrane, retrace la vie du réalisateur depuis ses débuts dans le 7e art jusqu'à ses derniers jours (son décès en mai 2015). Ce doc est constitué d'images d'archives, extraits de films (Patrouille à l'Est, Fleur de lotus...), et des témoignages émouvants par des réalisateurs, comédiens et politiciens qui ont longtemps côtoyé le cinéaste. Pour le comédien Hatta Ben Youcef, "Laskri a décrit la réalité de l'Algérie sous le colonialisme. C'était un militant pour la culture, le cinéma et l'audiovisuel". Quant au ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, il a souligné que "Amar Laskri est né pendant la guerre, dans ses œuvres il a su peindre cette ambiance. Il a parlé de la liberté". Dans ce documentaire, les amis du cinéaste ont évoqué également, la personne qu'il était : "Généreux, altruiste et d'un grand cœur, il aidait tout le monde, il se battait pour les gens dans le besoin sans se soucier de sa propre personne." Sur son parcours cinématographique, le réalisateur Laradji Rabah, a insisté sur le fait que "nous n'avons pas à le présenter, ses œuvres parlent pour lui. Patrouille à l'Est est le meilleur film algérien sur la guerre de libération, et ce, sur le point technique et interprétation". Quant au cinéaste Hazrouli, il estime que "nous ne pouvons pas parler de lui au passé parce qu'il est toujours présent à travers ses films. Il n'a pas dit son dernier mot, il est porteur d'espoir pour tous les réalisateurs". Cette production revient également sur le combat de Amar Laskri, pour le rayonnement du cinéma algérien à travers son association Lumière. Dans un extrait, on découvre ce cinéaste au franc-parler qui s'est battu jusqu'au dernier souffle pour la renaissance du 7e art. "Nous pouvons faire des concessions dans tous les domaines, mais nous ne pouvons pas occulter la culture, l'éducation et la formation, ceci fait partie de nos droits", a clamé Laskri, dans une conférence. Et d'ajouter : "Après l'indépendance nous avions des centaines de salles de cinéma. Elles sont où toutes ces salles ? Cela est inadmissible. Il faut gérer notre pays avec intelligence." Suite à la projection de Amar Laskri, le cinéaste engagé, le public présent a pu redécouvrir l'un des ses films cultes Patrouille à l'Est (1974). Présente pour cet hommage, l'épouse d'Amar, Mme Laskri, était toute émue, elle a déclaré à la presse que "c'est un géant du cinéma algérien, il a sacrifié toute sa vie pour servir son pays à travers ses films. Il a transmis l'histoire de l'Algérie pour cette nouvelle génération". Elle a confié que son époux disait souvent : "‘Un peuple sans culture est un peuple qui n'a ni présent ni futur'. Dans son combat pour l'épanouissement de la culture, le cinéma et l'audiovisuel on le surnommait le ‘Che Guevara' du cinéma algérien." Et de renchérir : "Il est doté d'un grand courage, malgré la maladie il est resté debout mais le destin en a voulu autrement. Il est mort comme un héros, il restera toujours vivant dans nos mémoires et en particulier dans nos cœurs." Et de conclure avec beaucoup d'émotion : "Pour moi, celui qui ne connaît pas Amar Laskri ne connaît pas l'Algérie." Par contre, elle était un peu déçue par ce film qui retrace des faits personnels du cinéaste. "Quelques passages m'ont plu, mais pour d'autres extraits, il fallait demander l'autorisation et l'avis de la famille, à l'exemple des photos de La Mecque : ça ne concerne que lui. C'est personnel !" H. M.