Les quantités de cocaïne saisies durant les 10 premiers mois de l'année en cours, incluant les 12 wilayas de l'Ouest, représentent 95,56% du total des saisies opérées à l'échelle nationale. La période est propice au bilan, et en matière de lutte contre le trafic de drogue, les services de sécurité ont eu fort à faire cette année 2015, comme en témoignent les statistiques révélées dans les bilans annuels. Et là encore, la région Ouest est toujours en tête du peloton dans ce domaine, du fait, essentiellement, de ses frontières avec l'un des principaux producteurs mondiaux de cannabis. Mais, désormais, l'ensemble des acteurs de la lutte contre le trafic de drogue s'accordent à dire que les routes du kif traité "Made in Morocco", sont devenues celles des drogues dures, notamment la cocaïne. Et pour preuve, le commandement de la IIe Région de la Gendarmerie nationale (Oran) rappelle avec force que les quantités de cocaïne saisies durant les 10 premiers mois de l'année en cours, incluant les 12 wilayas de l'Ouest, représentent 95,56% du total des saisies opérées à l'échelle nationale. Qui plus est ce chiffre est aussi à analyser avec les données de l'ensemble des corps de sécurité : douanes, DGSN et GN. En termes de quantité, la région Ouest, et à travers le bilan de la GN, a vu la saisie de 81, 37 kg de cocaïne, les autres services de sécurité, pour leur part, réalisant la saisie de 3,78 kg de cocaïne alors que l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT) a annoncé la saisie de 8,5 kg de cocaïne totalisant les prises de l'ensemble des corps de sécurité, ce qui confirme le constat de la GN. "La cocaïne est introduite dans notre pays par les mêmes trafiquants de kif et autres psychotropes. C'est bien par l'Ouest que la cocaïne est principalement introduite", nous a-t-on dit au commandement de la GN. D'ailleurs, l'ouest du pays a encore cette triste pole position pour les saisies de résine de cannabis puisqu'elles représentent 39,40% du total des saisies à l'échelle nationale. Si aujourd'hui, à l'Ouest, l'on ne parle qu'en grammes, lorsqu'il s'agit de la cocaïne, les saisies effectuées entre 2014/2015 ont explosé et inquiètent les autorités. Ainsi, l'ONLCDT, dans sa dernière livraison, montre que les saisies de cocaïne ont connu une augmentation de plus de 6 917%. À tire comparatif, la sûreté de wilaya d'Oran, dans ses données, confirme cette tendance "haussière", tout en s'interrogeant sur l'ampleur du marché de la demande de cocaïne "qui est la drogue des riches, et connaît un succès dans certains milieux bien connus", nous dira le chargé de communication de la police d'Oran. Ainsi, pour revenir aux chiffres, la sûreté de wilaya a saisi 80,78 g de cocaïne en 2014, pour l'année en cours, on en est déjà à 187 g, soit une augmentation de l'ordre de 125%. En l'espace d'une affaire traitée en décembre, 150 g de cocaïne ont été saisis à Oran, avec l'arrestation de deux trafiquants aux quartiers de l'Usto et d'El-Hamri. Quand on sait que la "poudreuse" se vend aux alentours de 10 000 DA le rail, là encore, pour les trafiquants, il s'agit de créer une demande, une addiction, avec des gains énormes. Nos interlocuteurs de la gendarmerie et de la sûreté de wilaya expliquent que la lutte contre les trafiquants est un combat au quotidien et aucun répit n'est permis alors que les moyens de lutte déployés sont en constante augmentation face au phénomène. Mais pour autant, le nombre d'affaires traitées pour trafic et commercialisation de cocaïne (19) et détention et usage de cocaïne (32), ne dissuadent pas les trafiquants. Bien qu'il y ait eu pour les 10 premiers mois de l'année, l'arrestation de 42 trafiquants et surtout de 61 consommateurs de cocaïne, nos interlocuteurs insistent sur l'implication de l'ensemble de la société dans cette lutte. L'addiction aux drogues dures, comme la cocaïne, est bien plus dévastatrice que le cannabis. Les dégâts cérébraux, les comportements sociopathiques, violents, maltraitance, abus sexuels sont connus, et d'ailleurs chez les consommateurs de la "blanche" la mortalité est 3 à 4 fois plus importante que chez le reste de la population. D. L.