Résumé : Nawel voulait tout connaître de son ami. Le masque tombe alors sur un homme blessé par la vie... Un homme qui a aimé et souffert... Elle n'en revenait pas. Il avait l'air tellement sûr de lui qu'elle est surprise de découvrir qu'il cachait tant de peine... Nabil lui parle de ses enfants... C'est eux sa raison de vivre, et c'est grâce à eux qu'il a pu surmonter ses malheurs. Elle affiche encore sa moue : -On dirait que tu parles à un journaliste... -C'est bien le cas, non ? Elle secoue la tête : -Mais non, tu n'y es pas... Je suis ton amie... Tu devrais te conduire donc comme un ami... Il accentue son sourire, et lui prend la main : -D'accord ma chère amie. Je vais me conduire comme tu le suggères... Heu... nous sommes de vieux amis maintenant, n'est-ce pas ? -Justement, c'est pour cette raison que j'aimerais t'aider... Et pour cela, je dois tout connaître de toi... -Et bien sûr, après cela, tu en feras un beau feuilleton... -Non ! Elle avait presque crié son refus. -Les feuilletons sont quelque chose que tout le monde peut lire, apprécier, ou critiquer. C'est de la fiction... Mais ton histoire est trop réelle, trop confidentielle pour être étalée sur les pages d'un journal. Je n'aime pas dévoiler les secrets intimes d'une personne qui se confie à moi en toute sincérité. Il hausse les épaules : -L'histoire de ma vie est quelque chose de très courant... D'aucuns peuvent la vivre d'une manière anodine. Cela ne change rien à ma personnalité, et ne me touchera nullement si tu la publies... À la seule condition de ne pas citer mon nom bien sûr... -Arrête... je ne veux rien écrire sur toi... Tu peux parler en toute sécurité. Il dépose sa fourchette, s'essuie les mains et prend une bonne gorgée d'eau avant de se hasarder : -Si je dois commencer à te parler de moi, je devrais remonter à ma jeunesse... Si tu veux bien me le permettre, je dois te préciser que je suis le fils unique de mes parents... j'ai une seule sœur... Elle est mariée et vit sous d'autres cieux... C'est elle l'aînée de la famille... Lorsque je vins au monde, ma mère avait failli perdre la vie, et les médecins lui avaient interdit d'avoir d'autres enfants... Alors tu imagines un peu à quel point j'ai été gâté par mes parents dès ma naissance... Bien plus gâté que ma sœur, qui allait déjà à l'école. J'eus donc une enfance dorée. Rien ne manquait à l'appel...J'avais ce que je voulais, et faisais mes quatre volontés dès que je pus comprendre que la vie ne pouvait offrir qu'une seule chance à chaque être humain sur cette terre... Une chance qu'il ne devrait pas dilapider... Alors que j'entamais mes études supérieures, je rencontre Wafa...Une jeune étudiante de ma promotion... Ce fut le coup de foudre entre nous... Nous nous sommes plu dès le premier abord, et comme tous les amoureux de notre âge, nous nous sommes promis amour et fidélité jusqu'au dernier souffle... Une fois nos diplômes en poche, nous nous sommes unis pour le meilleur et pour le pire. Le bonheur enfin pour nous deux ! Nous avons décidé d'avoir rapidement des enfants, car mes parents voulaient voir leurs descendants avant de trépasser... Nazim vint au monde une année après notre mariage... Mais notre joie se transformera vite en tristesse, car je perdis mon père quelques mois plus tard. Ma mère était inconsolable. Pour moi, c'était un pan de ma vie qui s'effondrait... Mon père était un homme bon et juste. Il m'avait toujours épaulé, et comptait sur moi dans toutes ses prérogatives. Hélas ! La faucheuse avait décidé d'amputer la famille de son pilier... En tant qu'homme de la famille, je devais reprendre les rênes et m'occuper de ma mère qui ne pouvait plus se passer de moi. Ma sœur était repartie en France. Je suggère alors à Wafa de prendre ma mère chez nous ou de venir vivre avec elle... Elle refusera catégoriquement d'entendre raison... Pour elle, une belle-mère est une opportuniste. Une intruse qui fausse les calculs du couple pour créer la zizanie... J'eus beau lui assurer que ma mère n'était pas de cette branche de femmes hostiles et perverses. La preuve, elle l'aimait comme sa propre fille et la respectait on ne peut mieux... "C'est parce qu'elle n'a jamais vécu avec nous", me rétorque ma chère femme... Un peu gêné de devoir remettre ce projet à plus tard, je me rendis chez ma mère pour l'assurer de mon entière sympathie... D'ailleurs, je lui rendais quotidiennement visite, déjeunais chez elle, et prenais mon café en fin de journée avant de rentrer chez moi. Elle n'avait jamais relevé quoi que ce soit dans mon comportement... Je ne voulais pas la blesser en lui racontant ce qui s'était passé entre moi et Wafa à son sujet. Même si elle avait tout deviné, elle ne s'est jamais hasardée à aborder ce sujet avec moi. Une année passe. Le chagrin commençait à s'estomper. Wafa était enceinte de notre second enfant. (À suivre) Y. H.