Sacré champion d'hiver avec son nouveau club l'USM Alger, Azzedine Aït Djoudi nous a rendu visite hier à la rédaction de Liberté. Une occasion d'entreprendre un brin de causette sur le bilan des Rouge et Noir lors de la phase aller. Aït Djoudi s'est montré optimiste pour les chances de son équipe et a même promis de revenir chez Liberté avec le trophée du championnat. Liberté : M. Aït Djoudi, pour la seconde année consécutive, l'USM Alger est sacrée championne d'hiver, avec un nouveau titre qui se profile à l'horizon. Qu'est-ce que vous inspire une telle réussite ? M. Azzedine Aït Djoudi : C'est tout d'abord une preuve que le club de l'USM Alger possède une bonne base structurelle et une organisation digne d'un grand club. Cela renforce aussi mon intime conviction qu'en venant au sein de ce club, qui m'a accueilli à bras ouverts, j'allais vivre une expérience enrichissante. Le mérite revient bien entendu à la direction du club et au président Saïd Allik, qui a su mettre en place les moyens de sa politique. Maintenant pour revenir à notre parcours, je dirai que le stage effectué en France à l'intersaison a insufflé à l'équipe une dynamique certaine dans la mesure où elle a entamé le championnat sur les chapeaux de roue avec une série de quatre victoires consécutives et une qualification en demi-finale de la coupe d'Afrique. À cela s'ajoute la stabilité au sein de l'effectif, renforcé par des éléments de valeur, à l'image de Ammour Arribi, Bougandoura et Abdouni. Puis il y a eu ce point noir, l'élimination en Coupe d'Afrique… •Oui, j'allais justement y arriver. C'est vrai, l'élimination en Coupe d'Afrique, qui était l'objectif primordial de l'USM Alger, a fait mal à tout le monde. C'est une déception énorme qui a failli faire chavirer le bateau. Vous remarquerez que, suite à cette élimination, l'USMA a perdu quatre fois à l'extérieur. Le groupe était tellement concentré sur son objectif qu'il n'en revenait pas de cette déconvenue. Cependant, grâce au travail psychologique, nous avons pu remonter la pente et finir la phase aller par une belle victoire à Oran, face au MCO, qui est, à mon sens, très importante. Sincèrement, aviez-vous cru en cette victoire à Oran ? •En tout cas, le staff technique est parti à oran dans le but de revenir avec un résultat probant. Il était bien sûr pour nous vital de ne pas perdre. Mais notre stratégie consistait aussi à tenter de surprendre l'adversaire. Dieu merci, c'est ce qui s'est passé. En ce qui me concerne, je vais vous faire une confidence. La veille du match, j'ai eu le pressentiment fort qu'on allait gagner. J'en avais parlé d'ailleurs à mon ami Fergani. Revenons à cette élimination en Coupe d'Afrique… Il faut dire que certains éléments, à l'image de Issad Bourahli, ont vite cédé à la pression du public… •L'élimination en Coupe d'Afrique a été ressentie par toute l'équipe comme une grande frustration, d'autant plus que l'USMA avait tenu tête au Widad de Casablanca. On ne méritait pas de perdre. Mais que voulez-vous ! c'est la loi du football. Maintenant, pour ce qui est de l'épisode Bourahli, c'est vrai, Issad a cédé à la pression. Il a voulu fuir cette situation et est parti à Sétif dans un moment de mélancolie. Je n'essaie pas de justifier son acte, mais je situe juste la raison principale. Heureusement, Bourahli est revenu au bercail et de quelle manière ! Justement, avec trois buts face au CABBA et un but qui vaut de l'or face au MC Oran, le réveil de Bourahli a fait des dégâts… aussi ! •Bourahli est un élément pétri de talents. C'est un joueur capable de faire la décision et de renverser à lui seul la vapeur. C'est un atout important pour l'USMA. Une sorte d'arme fatale ? •Ce qui est sûr, c'est que Bourahli en grande forme est un danger certain pour n'importe quel adversaire. La mauvaise passe de l'USMA a été très mal vécue par vous-même. Vous avez d'ailleurs déposé votre démission après la défaite face au NAHD. Pourquoi ? •Vous savez, quand l'équipe va mal, il faut avoir le courage de trouver les solutions qui peuvent provoquer le déclic. Je me suis alors dit que le problème résidait peut-être dans le staff technique et c'est comme ça que j'ai demandé à être déchargé de mes fonctions. cependant, le président Saïd Allik et mon collègue Ali Fergani ont tenu à ce que je reste. Aujourd'hui, je ne le regrette pas. Cependant, certains disent que votre démission était plutôt liée à des divergences de points de vue avec le coach Ali Fergani… •vous savez, au fond, je n'avais pas avec mon ami Fergani des divergences profondes. Un contrat moral nous lie depuis le début de la saison. Cependant, il est vrai qu'à un certain moment, j'avais l'impression que le message ne passait pas tellement entre nous. Le choix des joueurs, par exemple, était parfois discutable. Cela a donc franchement motivé mon désir de partir. Cependant, après une discussion franche avec Fergani, les choses sont rentrées dans l'ordre. Les résultats ont suivi également. Avez-vous le sentiment désormais que Fergani a compris la nécessité de travailler en étroite collaboration avec vous ? •Je pense que c'est dans l'intérêt de l'USMA que le staff technique accorde ses violons. La concertation doit être de mise pour garantir les meilleures chances pour le titre qui est à notre portée. Personnellement, contre le MC Oran, j'ai senti que notre collaboration a atteint une nouvelle étape. C'est réconfortant ! Quelles sont, selon vous, les équipes susceptibles de concurrencer l'USMA pour la course au titre ? •Certes, nous avons quatre points d'avance, mais je pense que l'USMA doit entamer la phase retour en oubliant cette donne. Le championnat est encore long, très long. À ce titre, des équipes comme le CRB, le MCO et la JSK sont à même de nous disputer le titre. Ces trois équipes, en plus de l'USMA bien sûr, sont, à mon sens, des candidats potentiels pour le titre de champion d'Algérie. Justement, par rapport à ce quatuor, le fait de recevoir la JSK et le MCO pour une seule sortie face au CRB est-il un avantage ? •Pour décrocher le titre, l'USM Alger doit non seulement faire le plein à domicile mais aussi récolter des points à l'extérieur. Nous avons huit matches à l'extérieur, contre sept à domicile. La différence se fera sur notre capacité à engranger des points en dehors de nos bases, c'est là la clé du championnat. M. Aït Djoudi, n'est-ce pas quelque part gênant de travailler au sein de club dont le président Allik et le coach Fergani sont connus pour leur différend avec le président de la JS Kabylie, M. Hannachi, tout en sachant que vous êtes un enfant de la JSK et un ami de Hannachi ? •Je ne vous cache pas que ce n'était pas facile pour moi de venir à l'USM Alger compte tenu de ce que vous venez de dire. Mais en agissant en professionnel, je me suis dit que je n'avais pas à rentrer dans ce genre de considérations. MM. Allik, Hannachi et Fergani sont pour moi des amis avant tout et le reste ne m'intéresse pas. Maintenant, c'est vrai que lors de la confrontation à Tizi Ouzou, j'ai eu comme un pincement au cœur. C'est normal quand on est natif de la Kabylie et que l'on a grandi au sein de la grande famille de la JSK. Je suis tout aussi fier d'avoir appartenu à la JSK que de servir aujourd'hui l'USMA. Vous êtes donc ce Kabyle qui tentera de priver les Kabyles d'un titre de champion qu'ils attendent depuis maintenant près d'une décennie… •(Rires). Sincèrement, je travaillerai d'arracha-pied pour remporter ce championnat. C'est mon métier. C'est mon devoir. Je ne pense pas que les supporters de la JS Kabylie m'en voudront de vouloir remplir ma tâche comme il se doit. S. B.