La mise en œuvre de l'accord de paix bute sur des lenteurs. Ce qui a laissé une marge "d'action" pour les groupes terroristes qui ont réinvesti le terrain. L'insécurité continue de miner la vie du Mali, malgré la signature de l'accord de paix et la présence de forces militaires maliennes et étrangères. Les deux processus ne semblent pas, pour l'instant, aboutir, notamment la mise en œuvre de l'accord de paix qui bute sur des lenteurs. Ce qui a laissé une marge "d'action" pour les groupes terroristes qui ont réinvesti le terrain. Dans la nuit de dimanche à lundi, le domicile du procureur de la République, à Gao, plus grande ville du nord Mali, a fait l'objet d'un assaut par un groupe armé. Un assaillant a été abattu par les gardes du procureur. Cet incident est à mettre dans le contexte malien marqué par un regain d'activité terroriste qui a touché même la capitale Bamako. Une situation qui entrave sérieusement la mise en œuvre du processus de paix que menace de torpiller le leader d'Ansar Edine, Iyad Ag Ghali, qui contrôle Kidal. Et vu son influence et son poids dans la région, Ag Ghali a trouvé même des voix pour demander son intégration dans le processus de réconciliation nationale. Des membres des groupes rebelles du nord préconisent même de "négocier" avec lui afin d'éviter l'embrasement de toute la région. Par ailleurs, la CMA et la Plateforme ont réussi à convaincre le bloc CPA réunifié et CMPFR, lors d'une réunion, avant-hier, au siège de la Misahel, d'intégrer la CMA, et ont appelé les autres groupes à intégrer, selon leur choix, l'un des mouvements dormant de la CMA ou la Plateforme. Une démarche qui conforte la médiation et le comité de suivi dans la mesure où cette initiative va leur faciliter d'accélérer la mise en place des mécanismes inhérents à l'accord d'Alger. Restera cependant la revendication des groupes signataires de l'accord, qui accusent encore le gouvernement d'être à l'origine des lenteurs et du manque de volonté pour aller jusqu'au bout du "contrat", de la mise en place d'un gouvernement de transition ou d'union nationale. Le président Ibrahim Boubacar Keita y a répondu en remaniant l'Exécutif et en se séparant de certains de ses proches mais, pour l'instant, cela ne fait débat qu'au sein des partis de l'opposition. Les groupes du Nord n'ont pas commenté ce changement, mais continuent de réclamer un nouveau gouvernement représentatif, de transition ou d'union nationale, et qui intègre de facto des représentants des groupes du Nord signataires de l'Accord, pour accompagner de manière efficace et accélérer l'application des mesures contenues dans l'accord d'Alger et faciliter, par la même, la lutte contre les groupes terroristes. Pour le moment, le gouvernement semble préoccupé par la gestion des équilibres et de subir les critiques de l'opposition qui voit en chaque pas envers les groupes du Nord, une concession de plus freinant l'accomplissement des promesses électorales d'IBK, dont celle de préserver l'intégrité territoriale du pays et le rétablissement de la sécurité. Le regroupement des groupes rebelles annonce déjà une autre perspective avec certainement plus de pression sur Bamako, non seulement sur la question du gouvernement de transition, mais probablement sur le cas d'Iyad Ag Ghali. En effet, des membres des groupes rebelles voudraient "discuter" avec lui et l'intégrer dans le processus de réconciliation quand bien même sa tête serait mise à prix par les Etats-Unis et que Bamako n'agréerait pas facilement une telle perspective dans la mesure où il demeure le principal "acteur" de l'instabilité et de l'insécurité pour le pays. C'est à cette délicate équation que sera soumis IBK même si la réunification des groupes rebelles augure d'une issue "politique" à la crise. Djilali B.