Parrainé par l'Onu et mené par l'Algérie, le processus de dialogue inclusif intermalien a connu plusieurs couacs, en raison des violences armées dans le nord du Mali. Après avoir annoncé son retrait du comité de suivi de l'accord d'Alger, le 24 août dernier, à la suite des violences qu'a connues Kidal, la Coordination des mouvements de l'Azawad a annoncé hier son retour, a rapporté la presse malienne. "La CMA a déjà déclaré à Bamako, la semaine dernière, son retour au niveau des instances de la mise en œuvre de l'accord. Rien ne doit se faire en dehors de l'accord", a confirmé, hier, un des responsables de la communication au sein de la CMA, Almou Ag Mohamed, au journal en ligne Le Sahélien. Cette annonce a été faite en marge d'une importante rencontre à Anéfis où les troupes armées de la CMA et de la Plateforme d'Alger (pro-Bamako) se sont affrontées à la mi-août, violant, de fait, tous les accords de cessez-le-feu qui ont été conclus au Burkina Faso et à Alger entre mai 2013 et juin 2015. Les mouvements de la Plateforme, plus précisément le Groupe d'autodéfense des Touareg de l'Imghad et alliés (Gatia), ont mené une vaste offensive contre les positions de la CMA dans la région de Kidal, réussissant à prendre le contrôle d'Anéfis en faisant fi des "Arrangements sécuritaires d'Alger", signés le 5 juin, un document qui prévoit une cessation totale des hostilités et le départ des hommes de Fahad Ag al-Mahmoud de Ménaka (200 km à l'est de Gao). Dimanche et hier, à Anéfis, une délégation du gouvernement malien, sous la conduite du ministre de la Décentralisation et de la Réforme de l'Etat, Mohamed Ag Erlaf, et du ministre de la Solidarité, de l'Action humanitaire et de la Reconstruction du Nord, Hamadou Konaté, a pu réunir autour d'une même table des représentants de la CMA et de la Plateforme pour tenter d'avancer sur certaines questions de l'Accord d'Alger, en attendant la reprise des travaux du comité de suivi d'ici à la fin de la semaine en cours, selon les médias maliens. Cette rencontre "s'inscrit dans le cadre de la pacification de la zone, de la cessation définitive des hostilités, du retour à l'accord et à sa mise sa mise en œuvre. Nous avons remarqué ces derniers temps que tous les problèmes qui se passent sur le terrain sont souvent dus à un manque de communication. Désormais, des communications directes sont en train de s'établir entre la CMA et la Plateforme", a précisé Almou Ag Mohamed au Sahélien. Pour rappel, la Mission de maintien de la paix de l'Onu a épinglé pour la première fois les mouvements de la Plateforme, en les désignant comme seuls responsables de la violation des accords de cessez-le-feu, dans les violences qui ont eu lieu à Anéfis. Ce grave "incident" a provoqué des sérieux remous au sein des autorités maliennes et de l'équipe de la médiation internationale. La visite du président malien Ibrahim Boubacar Keïta à Alger, une semaine plus tard, n'était pas étrangère à ce qui s'est passé à Kidal. L'Algérie, via le président de la République Abdelaziz Bouteflika, a souligné l'impérieuse nécessité d'appliquer les termes de l'Accord d'Alger, pour éviter le chaos au Mali, mais aussi dans l'ensemble de la région sahélo-saharienne qui doit faire face au grand défi de la lutte contre les mouvements terroristes islamistes, dont Al-Qaïda au Maghreb islamique, Ansar Eddine d'Iyad Ag Ghali et Boko Haram qui cherche à étendre ses tentacules au-delà du Nigeria. L. M.