En vingt ans, l'incidence du cancer colorectal s'est multipliée par quatre en Algérie. C'est ce qu'a affirmé, hier, le Pr K. Bouzid, dans une communication présentée lors des premières journées du "dépistage et prise en charge thérapeutique des cancers colorectaux" qui se déroulent au campus d'Aboudaou (université de Béjaïa). Une rencontre organisée par la Société algérienne d'oncologie, en collaboration avec la faculté de médecine et le CHU de Béjaïa, et à laquelle ont pris part plusieurs spécialistes, étudiants et autres médecins issus de plusieurs régions d'Algérie. Dans son intervention, le chef de service d'oncologie médicale au CPMC Alger, a affirmé qu'avec une incidence de 25 par 100 000 habitants, ce type de cancer en Algérie est classé deuxième après le cancer des poumons chez l'homme et deuxième après le cancer des seins chez la femme. "À titre d'exemple, entre 1994 et 2003, on a relevé 2 749 cas de cancer colorectal dans les différents services de chirurgie", a-t-il, souligné. Selon lui, plusieurs raisons concourent à cette multiplication de l'incidence. Il cite, à ce titre, le diagnostic tardif, la banalisation des symptômes, l'automédication et les diagnostics de facilité lorsqu'il s'agit d'hémorroïdes, de colite et du syndrome du côlon irritable où des examens inappropriés sont pratiqués, le manque de rigueur ainsi que les prescriptions faciles de traitement médicamenteux. Aussi, selon lui, le manque de moyens, l'accès difficile et contraignant aux soins, ainsi que la mauvaise coordination dans les parcours de soins du fait du cloisonnement corporatiste constituent également des facteurs qui favorisent la hausse de l'incidence de cette maladie. Et pour pallier à cela, l'intervenant préconise d'engager un programme d'information sur les changements nutritionnels et leurs conséquences et plaide pour orienter le dépistage individuel sur les familles à risque. Aussi, il révélera que Béjaïa et Laghouat seront prises comme wilayas pilotes pour un dépistage de masse. À noter que la rencontre se poursuivra aujourd'hui avec plusieurs communications lors de deux séances sur le volet "diagnostic et anatomopathologie" et "thérapeutique". Aussi des recommandations seront formulées en charge des patients atteints de cette pathologie. H. Kabir