La restructuration des services algériens, opération matérialisée par la dissolution du département du renseignement et de la sécurité, (DRS), relevant du ministère de la Défense nationale (MDN) et son remplacement par trois directions rattachées à la Présidence, exprimerait-elle la volonté politique du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, d'aller vers l'instauration d'un Etat civil comme il l'avait promis dans son discours d'avril 2011 ? Mohamed Khelfaoui, ancien cadre du DRS à la retraite, juge que cette restructuration des services est "une bonne chose", en espérant qu'elle sera "le précurseur de l'Etat civil" promis par Bouteflika. Rappelant que l'idée de restructurer les services remonte au début des années 90, avant d'être abandonnée à cause de la dégradation de la situation sécuritaire, M. Khlefaoui estime que cette restructuration "renforce les services et donnera plus d'efficacité opérationnelle grâce à la coordination". Il fait allusion à la tâche qu'il qualifie d'"importante et difficile" dont est désormais chargé Bachir Tartag, en tant que coordonnateur des trois nouvelles structures des Services rattachées à la Présidence, en l'occurrence la Direction générale de la sécurité intérieure, la Direction générale de la documentation et de la sécurité extérieure, et la Direction générale du renseignement technique. Le fait d'affecter les services de renseignement à la Présidence, ajoute-t-il, est une manière de "mettre fin à l'intervention de l'armée dans le champ politique". Selon lui, cette restructuration serait la suite logique des "engagements tenus en 2011 par le président Bouteflika pour répondre aux exigences de la société qui avait exprimé son ras-le-bol d'un système ankylosé et obsolète". Il rappelle que Bouteflika s'était engagé à procéder à des réformes profondes pour parachever la construction d'un Etat civil qui garantit les libertés, l'égalité des chances et la citoyenneté entière. Pour l'ancien du DRS, la restructuration des services doit, ainsi, répondre à "une logique d'ouverture pour la construction d'un Etat civil". La construction d'un Etat civil passe aussi par la promulgation d'une Constitution qui garantit la séparation des pouvoirs et surtout l'indépendance de la justice, sans quoi l'Etat civil ne serait qu'un vain mot. "C'est même la condition sine qua non", insiste-t-il. Cet ancien cadre du DRS rappelle que les services de renseignement relevaient depuis 1990, année de la création du DRS, dirigé par le général Mohamed Medienne dit Toufik, en remplacement de la DGDS, (Délégation générale de la documentation et de la sécurité), du MDN. La DGDS, dirigée par le général Mohamed Betchine, avait remplacé, entre 1988 et 1990, la DGPS, (Délégation générale pour la prévention et la sécurité) dirigée par le général Lakhel Ayat. Contrairement à l'ancienne sécurité militaire (1962-1983) et le DRS (1990-2015), qui dépendaient du MDN, la DGPS et la DGDS ont été rattachées à la Présidence. Farid Abdeladim