Cette action citoyenne a permis de démontrer à la fois la prise de conscience des habitants de ce village perdu dans les hameaux de Jijel et le laxisme des élus locaux qui n'ont guère brillé durant ces années, bien que ce pont ait été revendiqué à maintes reprises. Après plusieurs cris de détresse et des années d'attente, les habitants du village Beni Ferah (commune de Boudiraâ Beni Yadjis) ont finalement trouvé la solution pour désenclaver leur mechta et la faire sortir d'un isolement qui n'a que trop duré. En effet, les villageois se sont regroupés et ont pris l'initiative de réaliser une passerelle de 40 m de longueur et d'un mètre de largeur qui traverse l'oued Djendjen. Cette action citoyenne a permis de démontrer, à la fois, la prise de conscience des habitants de ce village perdu dans les hameaux de Jijel et le laxisme des élus locaux qui n'ont guère brillé durant ces années, bien que ce pont ait été revendiqué à maintes reprises. "Nous nous sommes réunis il y a environ deux mois, et nous avons pris la décision de construire ce petit pont qui est devenu une véritable nécessité pour nos familles", dira un habitant avec fierté. Et de poursuivre: "Les autorités locales de Beni Yadjis ne se sont jamais tournées vers nous. D'ailleurs, toutes nos requêtes sont restées sans suite, et c'est la raison pour laquelle nous avons pris cette initiative et avons réalisé notre rêve en moins d'un mois (...) Nous avons mis de l'argent dans une seule caisse afin de pouvoir acheter les matériaux de construction et avons sollicité un bureau d'études pour suivre l'opération et faire les calculs nécessaires. Nous avons nous-mêmes assuré la main-d'œuvre." Environ 600 personnes venues de toutes les régions de Jijel étaient présentes durant la journée de samedi pour l'inauguration de cette passerelle qui a porté le nom de Gueham Belgacem, un martyr natif du village Beni Ferah. Cette cérémonie, qui restera à tout jamais marquée dans l'histoire de l'antique Igilgili et de ce petit village regroupant quelque 80 personnes, a été une occasion pour les habitants de soulever d'autres préoccupations au président de l'APC de Beni Yadjis, qui a assisté aux côtés du chef de daïra de Djimla et du président de l'assemblée populaire de wilaya, invités d'honneur à cet événement. La route impraticable et l'absence d'électricité sont les principaux points soulevés à ces responsables qui ont promis d'apporter de l'aide à l'avenir et essayer de faire sortir ce village de l'isolement. En tout cas, c'est l'engagement pris par le président de l'APW et le représentant de l'APC qui semblait gêné lors de son allocution, puisque cette passerelle a été revendiquée à maintes reprises par les villageois, en vain. "Nous l'avons surnommée la passerelle du défi et de l'espoir, puisque nous avons défié toutes les contraintes et nous garderons espoir pour le retour des populations à Beni Ferah et l'espoir d'avoir une vie meilleure pour nos enfants", nous dira un villageois. Il est important de souligner que durant les années passées, plus de 14 personnes ont trouvé la mort en tentant de traverser l'oued, certaines sont portées disparues jusqu'à ce jour. Une stèle en marbre sur laquelle sont mentionnés les noms des victimes a été installée juste à côté de ce petit pont suspendu, copié sans doute du célèbre pont Perrégaux de Cirta. MOULOUD S.