Un "guide juridique pour l'orientation des mères célibataires" vient de voir le jour en Algérie. Cette brochure, réalisée par 2 expertes en genre, l'avocate Aïcha Zinaï et la formatrice d'assistantes sociales Ouarda Pagès, pour le compte de l'association SOS Femmes en détresse, s'inscrit dans le cadre du projet "Pour une meilleure insertion sociale et professionnelle des mères célibataires au Maghreb", financé par l'UE et l'Agence française de développement. Pour les 2 rédactrices, il s'agit de mettre à la disposition des différents intervenants institutionnels et de la société civile (DAS, médecins, assistantes sociales, éducateurs, associations...) "un guide opérationnel sur les droits, les dispositifs juridiques, sociaux et sanitaires", relatifs à la chaîne de prise en charge de cette catégorie de la population et de leur enfant. Une chaîne où "chaque intervenant va apporter une aide, même ponctuelle, pour ne pas laisser les mères célibataires livrées à elles-mêmes", selon Meriem Belaâla, présidente de SOS Femmes en détresse. Plus concrètement, le guide apporte, tout le long de ses 25 pages, des réponses à "la situation d'urgence" de la mère célibataire en détresse, aux questions se rapportant à son "accouchement" et à la déclaration du nouveau-né, à celles relatives à "l'abandon temporaire et définitif" de l'enfant et au "placement temporaire et définitif" de celui-ci. D'autres informations sont également livrées, concernant "le rôle" de l'association spécialisée dans l'accueil et la prise en charge des femmes en détresse, ainsi que sur les "instruments internationaux ratifiés/adoptés par l'Algérie" (convention sur l'élimination de toutes formes de discrimination à l'égard des femmes, convention internationale des droits de l'enfant, Programme d'action de la conférence du Caire, plan d'action de la conférence de Pékin, déclaration du Millénaire et ses objectifs "OMD") et sur certaines lois nationales (Constitution, code de la famille, code de la nationalité, loi sur la protection et la promotion de la santé, ordonnance et décret exécutif relatifs à l'état civil), de même que sur les "aspects procéduraux" et "l'assistance judiciaire". Les 3 dernières pages du guide sont consacrées aux "contacts utiles" : intervenants étatiques et associatifs par wilaya. En Algérie, comme en Tunisie et au Maroc, la situation des femmes devenues mères hors mariage demeure encore taboue. Dans notre pays, malgré une "certaine ouverture" de la société et "l'implication" des pouvoirs publics dans la prise en charge des mères célibataires, ces dernières sont souvent confrontées à une réalité dure, faite de problèmes d'ordre socioéconomique et juridique, mais aussi de violence et d'exclusion. Les statistiques officielles font état d'environ 7 000 naissances hors mariage en Algérie, contre 30 000 au Maroc et entre 1 200 à 1 600 en Tunisie. Un phénomène qui transgresse des "normes socioculturelles et religieuses", mais qui est bel et bien réel, ce qui exige sa prise en considération en conformité avec les conventions internationales ratifiées et signées par les 3 pays. Lancé en 2013 pour une durée de 4 ans, le projet maghrébin arrivera à son terme en mars prochain. En Algérie, outre les formations dispensées aux intervenants et la réalisation du guide d'accompagnement des mères célibataires, un "plaidoyer" de cette frange de la société sera transmis, cette année, aux pouvoirs publics. Hafida Ameyar