"C'est une escroquerie caractérisée. Ils sont de mauvaise foi. Ils fourguent aux Algériens des véhicules dépourvus d'équipements de sécurité", a dénoncé M. Rebrab. Le président-directeur général du pôle Automotive au groupe Cevital et néanmoins directeur général de Hyundai Motor Algérie (HMA), Omar Rebrab, est sorti, hier, de sa réserve pour dénoncer un fait gravissime : le partenariat conclu entre le constructeur coréen Hyundai et un concessionnaire algérien pour le montage de camions. Des camions qui ne répondraient pas à la norme de sécurité exigée. En effet, lors d'une conférence de presse organisée au siège de HMA, à Oued-Smar, M. Rebrab a indiqué que "les Coréens veulent faire le montage de camions en Algérie en imposant des modèles qui ne répondent guère à l'arrêté du 23 mars 2015 fixant les cahiers des charges relatifs aux conditions et modalités d'exercice des activités de concessionnaire de véhicules neufs et promulgué par le ministère de l'Industrie et des Mines". Il citera, entre autres, les équipements de sécurité, comme l'ABS, les airbags, le limiteur de vitesse et/ou régulateur de vitesse, le système de bridage de la vitesse maximale prévue par la réglementation régissant la circulation routière, les ceintures de sécurité et de points d'ancrage conformes aux dispositions règlementaires et répondant aux normes applicables des essais de choc, les dispositifs de protection anti-encastrement à l'avant et à l'arrière, la protection latérale, le chronotachygraphe, les appuie-tête sur tous les sièges, des garde-boues, ainsi que des dispositifs de dégivrage et de désembuage du pare-brise. Les camions qui seront montés en Algérie, plus exactement à Batna par Global Motors, sont-ils dotés de ces équipements exigés par la loi en vigueur ? Le conférencier doute fort que ce soit le cas, d'autant que la sortie du premier camion est prévue pour le mois d'avril prochain. En ce sens, M. Rebrab n'a pas mâché ses mots pour interpeller le constructeur coréen et dénoncer une situation scandaleuse. Selon le conférencier, tout a commencé quand les Coréens avaient proposé à Tiziri Motors, un concessionnaire qui commercialise les camions et les engins de la même marque, 2 000 camions qui ne répondent pas aux normes. Devant cet état de fait, ledit concessionnaire consulte le DG de HMA et lui propose de les reprendre. Une proposition que M. Rebrab refuse. "Je ne peux pas importer 2 000 camions hors normes alors que le cahier des charges exige des critères plus sévères !" Pour contourner cet écueil, la loi, en somme, les Coréens trouvent un représentant à Batna, en l'occurrence Global Motors et lui proposent un montage en DKD, c'est-à-dire un camion produit, démonté et expédié pour un montage en Algérie. Global Motors accepte la proposition et met les choses au point pour démarrer l'usine. M. Rebrab n'en veut pas à Global Motors pour autant. "Aujourd'hui, je n'en veux à personne. J'en veux aux Coréens qui prennent l'Algérie pour une poubelle. C'est une escroquerie caractérisée. Ils sont de mauvaise foi. Ils fourguent aux Algériens des camions dépourvus d'équipements de sécurité. Aussi, j'attire l'attention des pouvoirs publics pour faire appliquer la loi dans toute sa rigueur afin d'éviter un précédent. Les Coréens ont fait fausse route, croyant qu'à travers le montage des véhicules en Algérie, ils contourneraient le cahier des charges", explique M. Rebrab, qui s'interroge : "Peut-on imposer aux concessionnaires algériens d'importer des véhicules répondant au cahier des charges et laisser un constructeur, à travers son représentant, transgresser la même loi ? Je doute fort que non ! Aujourd'hui, le fait est là et cette société s'apprête à commercialiser son premier camion hors normes ! Ce sont les intérêts de l'Algérie qui sont en jeu ! Ce concessionnaire de Batna finira dans les litiges. Et les Coréens n'en ont rien à cirer, tant que leurs intérêts ne sont pas touchés." À la question de savoir si HMA connaît des incidences à la suite de l'ouverture d'autres concessionnaires par les Coréens en Algérie, M. Rebrab répond : "Au départ, je me suis énervé, car mes partenaires coréens m'ont fait un enfant dans le dos. Qu'ils sachent, qu'à partir d'aujourd'hui, HMA travaillera le produit, mais jamais plus l'image de marque. Et j'aurai, moi aussi, mon mot à dire, car je pourrai aussi faire des multimarques dans les showrooms de Hyundai." Et de conclure : "Après 18 ans de partenariat, je me suis investi corps et âme, je regrette cette trahison. Après, je me suis rendu compte que HMA s'en sortira sans les Coréens, et l'avenir nous réserve bien des surprises !" FARID BELGACEM