Intervenant lors d'une conférence à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, organisée par l'association culturelle Abane-Ramdane à l'occasion de la célébration de la Journée du chahid sur la vie et l'œuvre de l'architecte de la Révolution algérienne Abane Ramdane, Khalfa Mammeri, chercheur en histoire, ancien ambassadeur et ancien député, est revenu sur de nombreux faits historiques, dont le parcours héroïque d'Abane Ramdane durant la Révolution et son rôle historique lors du fameux Congrès de la Soummam. "À son arrivée, la guerre de Libération n'avait pas de chef et ne reposait sur aucune stratégie d'envergure. Les cinq chefs de région activaient séparément, chacun dans sa zone, et ce, sans aucune coordination à l'échelle nationale. Et le grand mérite d'Abane est d'avoir su synchroniser la lutte armée et rassembler toutes les forces vives de la Révolution", estimera Khalfa Mammeri ajoutant qu'Abane avait déployé une créativité et une imagination exceptionnelle. "Il lui arrivait même de rédiger deux à trois déclarations par semaine qui avaient évidemment un impact monumental sur le cours des événements. Elles constituaient à l'époque de véritables monuments de décisions tant sur le plan militaire que politique, ce que certains chefs d'Etat ne sont pas capables de concevoir de nos jours. Voilà ce qui a fait la force et l'intelligence d'Abane Ramdane surtout qu'il avait réussi à combler le vide créé à l'époque par la disparition de certains responsables", a-t-il soutenu. Abordant l'assassinat d'Abane Ramdane, Khalfa Mammeri affirmera encore qu'il n'avait jamais évoqué, par le passé, l'implication de Krim Belkacem dans ce crime. "De quel droit jugerais-je Krim ou Abane ou dresserais-je l'un contre l'autre. Non, honnêtement, je n'ai pas le droit de le faire. Personnellement, j'ai pris la responsabilité morale de publier une lettre inédite de quatre pages laissée par le colonel Ouamrane qui, pour la première fois, évoquait l'assassinat d'Abane", a indiqué le conférencier. "Aujourd'hui, nous avons la certitude qu'Abane a été étranglé par six mains. Il y avait deux collaborateurs de Boussouf et Boussouf lui-même mais pas de traces de Krim Belkacem", défendra Khalfa Mammeri, tout en annonçant la publication prochaine d'un livre sur Krim Belkacem qui permettra, selon lui, de remettre les pendules à l'heure sur certaines vérités. "Par cet ouvrage, je veux rendre service à mon pays que j'aime beaucoup et à cette région révolutionnaire que je respecte pour rapporter fidèlement ce qui s'est passé", a-t-il dit devant une assistance nombreuse. K. Tighilt