Le fossé se creuse davantage entre le dinar et les autres monnaies étrangères. La chute des prix du pétrole sur le marché mondial a entraîné avec elle la dépréciation du dinar. Celui-ci se maintient à des niveaux très bas par rapport aux monnaies étrangères. Une virée au square Port-Saïd, marché parallèle de la devise, confirme ce constat. En début de semaine, un euro s'échangeait contre 185,85 DA, tandis qu'un dollar valait 170,10 DA au square Port-Saïd où les revendeurs sur les lieux ne cachent pas les liasses de billets qu'ils tiennent dans leurs mains, et n'hésitent à rabattre les clients à la recherche des devises. Pourtant, sur le marché interbancaire des changes, un dollar s'échangeait contre près de 106, 24 DA, alors qu'un euro valait un peu plus de 118,29 DA. Il y a bien un écart, et non des moindres, entre les cours du square Port-Saïd et le marché interbancaire des changes d'Algérie. Certes cette valeur ne constitue pas le record puisque quelques jours avant l'euro à touché les 192 DA, mais cela reste encore très haut. Les raisons de cette flambée qui se produit à un moment inhabituel de l'année, soit en dehors de la période des vacances d'été et de fin d'année, restent inconnues. Les quelques cambistes interrogés n'ont pas été très prolixes à expliquer les cours. Selon eux, cette flambée de l'euro a pour seule explication le manque de liquidités de cette monnaie européenne sur le marché parallèle. Donc, à partir de cette situation, la demande a été plus importante que l'offre, et c'est ce qui est à l'origine de sa cherté. En effet, l'évolution du cours du dinar, ces derniers mois, contre l'euro et le dollar, correspond à une demande sans cesse à la hausse. Autre explication avancée, l'allocation voyage est toujours fixée, dans les banques, à 15 000 dinars, c'est-à-dire 130 euros. Une somme insuffisante pour voyager à l'étranger, ce qui oblige les citoyens à se tourner vers l'informel. Un cambiste, plus téméraire, soulignera le poids grandissant des gros clients et gros bonnets de l'importation sur le marché qui peuvent faire grimper ou chuter les cours des monnaies à leur convenance. Selon certains banquiers et financiers, une chute progressive du prix de l'euro va s'opérer dans les mois à venir et pour cause la ressource en devises va se raréfier suite aux limitations imposées aux importations et les récentes mesures appliquées par les banques contre les procédés de surfacturation. L'idée d'une chute progressive du prix de l'euro ne semble pas convaincre les cambistes du square Port-Saïd. Pour les initiés, la dévaluation de la valeur du dinar ne peut que faire grimper la valeur des autres monnaies. Les prévisions de la Banque d'Algérie, qui prévoit une dépréciation du dinar pour l'année 2016, vont permettre aux monnaies étrangères de s'affirmer davantage face à la monnaie nationale. Selon le discours officiel, la loi ne permet pas l'existence d'un marché parallèle de la devise. Reste que pour l'éradication de ce marché parallèle de la devise, du chemin reste à faire. En attendant, le marché noir de la devise fonctionne très bien. Ce marché brasse ainsi des capitaux colossaux en monnaies fortes. Au square, personne ne peut savoir combien d'argent, en devises comme en dinars, circule exactement. En l'absence de mise en place des bureaux de change officiels annoncée depuis des années, mais toujours pas appliquée, le change au noir est aujourd'hui, le seul moyen pour le simple citoyen, l'homme d'affaires ou le patron de PME , d'avoir des devises pour voyager ou acheter des équipements introuvables sur le marché national. S. S.