Depuis 1963, le Sahara occidental, dernière colonie en Afrique, est inscrit sur la liste des "territoires non autonomes", donc éligible à l'application de la résolution 1514 de l'Assemblée générale de l'ONU, portant octroi de l'indépendance aux pays et peuples colonisés. Le 27 février 1976, réagissant au départ "précipité" des soldats espagnols du territoire, le Front Polisario, mouvement de libération nationale, a annoncé, à Bir-Lahlou (Sahara occidental), la naissance d'un "Etat libre, indépendant et souverain" : la Rasd. Mais, le territoire sera agressé, puis occupé illégalement par le Maroc en 1976. Pendant 4 décennies, malgré la guerre, la période de "ni guerre ni paix" et leur lot de souffrances, d'atteintes aux droits humains et de pillage des ressources naturelles, la Rasd s'est organisée dans les camps de réfugiés de Tindouf (Sud-Ouest algérien) et sur la partie du territoire sahraoui libéré. Alors que l'Etat sahraoui, reconnu par une centaine de pays dans le monde, se construisait intérieurement, en apportant sa contribution en tant que membre à part entière de l'OUA, puis en tant que membre fondateur de l'Union africaine (UA), le Front Polisario menait d'autres batailles, dont celle des négociations avec le Maroc, sous les auspices de l'ONU, pour parvenir à une solution politique assurant l'autodétermination du peuple sahraoui et, par-là même, la récupération des zones occupées du territoire. Quatre décennies sont passées, et aucun Etat dans le monde ne reconnaît la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. L'avis consultatif de la Cour internationale de La Haye de 1975, l'avis juridique (2002) de Hans Corell, ex-secrétaire adjoint aux affaires juridiques et conseiller de l'ONU, les résolutions du Conseil de sécurité en faveur du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, la position de l'UA en faveur de la décolonisation du Sahara occidental et, plus récemment, l'annulation par la Cour européenne de justice de l'accord entre l'UE et le Maroc sur la libéralisation du commerce des produits agricoles et de pêche, en raison de son application au territoire sahraoui occupé, sont là pour y veiller. À la veille de la première visite du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, dans la région, place aux questions ! Qui rejette le plan de paix pour l'autodétermination du peuple du Sahara occidental et renie ses engagements internationaux ? Qui exploite illégalement les richesses de l'ex-colonie espagnole, alors que les réfugiés sahraouis quémandent une aide humanitaire internationale qui se raréfie ? Qui empêche les observateurs internationaux et indépendants à se rendre dans les territoires sahraouis occupés ? Qui a fait de ces territoires occupés "une prison à ciel ouvert" ?... Pendant longtemps, le Maroc, soutenu par la France, n'a pas cessé de contrarier le processus de paix, pour imposer le fait accompli. Un siècle de colonisation espagnole et 40 ans d'expansionnisme marocain, ça en fait trop pour un peuple pacifique, dont le seul tort est de rester attaché à son droit de choisir librement son destin et à son Etat souverain sur l'ensemble du territoire. L'ONU ne peut plus tergiverser. Ban Ki-moon, bientôt en tournée dans la région, le sait très bien. Hafida Ameyar