Quatre envoyés spéciaux de la revue égyptienne Al Ahram Al Arabi sont en visite professionnelle depuis vendredi dans la wilaya de Tamanrasset pour couvrir "l'horreur de la France" et réaliser un reportage sur la tragédie des essais nucléaires effectués dans le Sahara algérien. Ainsi, le numéro du 19 mars prochain sera entièrement consacré à cette catastrophe humanitaire que le pays de François Hollande ne veut toujours pas reconnaître. L'édition sera exclusivement dédiée à la Révolution algérienne, a indiqué Souhira Abdelhamid, chef de la rubrique politique à Al Ahram, en faisant part de ses rencontres avec des moudjahidine et responsables algériens dans le but d'étoffer ce travail journalistique. "Quand on a appris ce qui s'était passé au Sahara, particulièrement les essais nucléaires réalisés par la France, nous avons décidé de focaliser sur cette thématique puisque nous n'avions trouvé aucune information dans les archives des pays arabes. Cela nous paraissait anormal au point de nous demander comment il se faisait qu'un crime d'une telle dimension n'a pas eu d'écho sur le plan médiatique", ajoute la journaliste égyptienne. Accompagnée de spécialistes et de chercheurs algériens, ainsi que des membres de l'Atvenh (Association Taourirt des victimes des essais nucléaire dans le Hoggar), l'équipe s'est rendue sur le site d'In Eker, à 180 km au nord de Tamanrasset, où elle a pris des images et collecté des témoignages percutants sur cette tragédie. Les journalistes ont eu également à rencontrer des ouvriers ayant vécu et qui continuent de vivre les conséquences de ces essais. "Notre démarche s'inscrit dans le but d'éclairer l'opinion publique égyptienne, arabe et internationale sur ce dossier que nous devons dépoussiérer avec un bon coup de pouce médiatique. Il faut rappeler que c'est grâce aux médias que les juifs ont réussi à faire valoir leurs droits et exigé des Allemands l'indemnisation de leurs victimes de guerre, alors que le crime me semble moins important comparativement à celui de la France", regrette notre interlocutrice en insistant sur l'importance d'investir dans l'information et la communication pour pousser la France à reconnaître ses crimes et à assumer toutes ses responsabilités. Evoquant le choix de Tamanrasset pour la réalisation du reportage, Souhira Abdelhamid a précisé que c'était par rapport au black-out de ceux qui veulent cacher ce pan de l'histoire algérienne. "Nous avions constaté sur le terrain que les employés de l'époque encore en vie n'étaient pas recensés pour éviter de les indemniser. Fort probablement, c'est l'une des raisons motivant le refus de la déclassification des archives relatives aux essais effectués par la France dans le Sahara algérien. On a pris connaissance des efforts consentis par les autorités algériennes afin d'avoir ces archives permettant de contenir la catastrophe et de protéger les générations futures. Mais, il est temps pour l'opinion internationale de savoir ce qui s'est réellement passé à Tamanrasset, en Algérie", a conclu la représentante d'Al Ahram Al Arabi. RABAH KARECHE