Ebranlée par le scandale des viols commis par des membres des Casques bleus sur des enfants centrafricains et congolais, l'Organisation des Nations unies a adopté tard vendredi, via son Conseil de sécurité, une résolution "historique". Car, il s'agit d'une première. Cette résolution prévoit en effet une série de mesures "y compris le rapatriement d'une unité entière lorsqu'il existe ‘des preuves crédibles de cas répandus ou systématiques d'exploitation et d'atteintes sexuelles'", lit-on sur le site d'information de l'ONU. Le texte a eu 14 voix pour et une abstention (Egypte), la résolution du Conseil prie en outre le Secrétaire général de donner à cette décision un effet immédiat et permanent, a ajouté l'ONU. "Dans cette résolution, le Conseil entérine la décision du Secrétaire général de l'ONU de rapatrier une unité militaire ou une unité de police constituée d'un contingent, déployé dans le cadre d'une opération de maintien de la paix des Nations unies, lorsqu'il existe des preuves crédibles de cas répandus ou systématiques d'exploitation et d'atteintes sexuelles commises par ladite unité", a expliqué l'ONU. Mais l'Egypte a rejeté le texte, estimant qu'il était inconcevable d'imposer une "punition collective" pour des crimes commis par "quelques dizaines" de soldats. Pour le représentant égyptien au Conseil, Amr Abdellatif Aboulatta, une telle approche risque d'avoir "un grave impact sur le moral du personnel et de ternir la réputation" des pays qui fournissent des Casques bleus, a rapporté l'APS. Pour l'ambassadrice américaine Samantha Power, un tel texte permet de "s'attaquer enfin au cancer des abus et de l'exploitation sexuels, dont sont victimes des gens qui ont fait confiance au drapeau de l'ONU", ont rapporté les agences de presse. Pour rappel, le dernier rapport annuel du Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon a fait état de "69 allégations d'abus sexuels qui ont été enregistrées en 2015, soit une augmentation de 17 cas par rapport à 2014". Le rapport en question précise que sur le nombre total d'abus enregistrés, il y avait 22 cas en Centrafrique, commis par les membres de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca). "En juin 2015, j'ai été, tout comme vous, profondément choqué par les allégations d'exploitation et d'abus sexuels d'enfants par des forces militaires étrangères en République centrafricaine, et par la réponse à ces allégations apportées par les Nations unies", a rappelé le chef de l'ONU à la présentation de son rapport qui a fait couler beaucoup d'encre et suscité une vague d'indignation à travers le monde. L. M.