Résumé : Amar doit bientôt repartir en France. Mais il était triste de quitter Meriem. L'idée de prendre Houria comme épouse le frôle. Cette dernière consentira-t-elle à l'accompagner sous d'autres cieux ? Sa fille Meriem balayera toutes ses hésitations. Meriem sourit heureuse : -Alors, tu vas rester avec moi et Ma Houria ? Amar secoue la tête. -Non. Tu resteras au village avec Ma Houria, et moi je dois repartir en France pour travailler. -Emmène-moi avec toi. Je ne veux pas rester seule au village. -Tu ne seras pas seule. Il y a Houria et tes petits amis. La fillette se met à pleurer : -Papa, ne me laisse pas seule. Je veux partir avec toi. Emu, Amar la serre contre lui : -Et Ma Houria ? Tu vas l'abandonner ? Elle secoue ses boucles : -Non. Nous allons l'emmener avec nous. Il y avait foule sur le bateau. Amar avait réservé une cabine pour sa petite famille. Houria et Meriem étaient enchantées de prendre la mer. Mais au milieu de la nuit, une tempête se lève et la jeune femme vomit tous ses boyaux. Amar l'emmène à l'infirmerie où on lui administra une injection avant de la ramener à la cabine pour la remettre dans sa couchette. Meriem n'avait pas souffert du mal de mer, car elle dormait comme un ange. Amar la recouvre et revient vers sa femme qui gémissait en se tenant la tête : -Avec l'injection qu'on vient de t'administrer, cela ira mieux dans quelques instants. Tâche de prendre quelques heures de repos. Elle se relève sur un coude : -Je n'ai jamais été aussi malade que ce soir. -C'est normal. Tu n'as jamais pris le bateau et de surcroît la mer est houleuse. -Toi, tu n'as pris le bateau que deux ou trois fois. Pourquoi n'es-tu pas malade ? -Eh bien, disons que j'ai le cœur plus solide que le tien. Cela faisait à peine quelques mois depuis qu'ils s'étaient unis. Amar avait écouté les sages du village qui l'avaient exhorté à épouser cette jeune femme qui a su s'occuper admirablement de sa fille. Meriem était aussi très attachée à elle, et ne pouvait plus s'en séparer. Tout s'était déroulé très rapidement. On avait récité la Fatiha à la mosquée du village et goûté au succulent couscous préparé par la mariée, puis Amar s'est installé dans la grande ferme avec son épouse et sa fille pour quelques jours, avant de penser au retour. Dans un premier temps, il était reparti seul en France. Avant cela, il avait déposé un dossier de passeport pour sa femme et rajouté sa fille sur le sien, puis avait demandé une autorisation de regroupement familial qu'il obtint sans difficultés. Le bateau continuait de voguer à travers la mer houleuse. Houria s'est assoupie. Allongé dans le noir de la cabine, Amar repensait aux derniers mois passés. Les choses s‘étaient trop vite déroulées à son avis, mais il n'avait pas le choix. Son beau-frère Saïd avait coupé les ponts avec le village, maintenant qu'il avait deux enfants avec son épouse française. Malek s'était marié de son côté et habitait en ville. On ne le voyait que rarement au bled. Et lui ? L'idée de prendre une épouse française ne l'enchantait pas. Sa fille devrait connaître les us et coutumes de ses ancêtres. Houria n'était pas instruite, mais Meriem ira à l'école et fera de grandes études. Il va y veiller, comme il veillera aussi au confort de sa famille. Chaque année, ils iront passer l'été ou le mois de ramadhan à la ferme. Ainsi il pourra aussi suivre l'évolution de ses affaires et replongera dans l'atmosphère de son village natal. Une sirène retentit. On était déjà au matin. Il n'avait pas fermé l'œil de la nuit, et se sentait un peu las. Houria dormait enfin, mais Meriem s'agitait dans sa couchette. Il s'approche d'elle pour la recouvrir, mais elle ouvrit les yeux et lui sourit : -On est arrivé en France papa ? -Pas encore ma chérie. Tu peux te rendormir. (À suivre) Y. H.