Le volume des importations hors hydrocarbures transitant par les ports a été évalué à 42 millions de tonnes en 2015 alors que les exportations n'ont pas dépassé les 5 millions de tonnes. Le ministre des Transports, Boudjema Talaï, veut mettre son secteur sur les rails de l'après-pétrole. Il vient d'instruire tous les démembrements de son département pour qu'ils réorientent leurs différentes stratégies vers les exportations hors hydrocarbures. Il est parti d'un constat peu reluisant, établi en 2015, qui porte le volume des importations hors hydrocarbures transitant par les ports à 42 millions de tonnes alors que les exportations ne dépassent pas les 5 millions de tonnes. Le différentiel est énorme. "Plus de 90% des tonnages qui transitent par nos dix ports sont des importations", relève-t-il. Il est grand temps, affirme M. Talaï, de renverser la vapeur ou, du moins, arriver à un équilibre entre les quantités de marchandises qui entrent et sortent via les infrastructures portuaires du pays. La promotion des exportations hors hydrocarbures exige, selon lui, une parfaite organisation de ces structures et des autres intervenants dans l'acte d'exporter. "Si pour l'import beaucoup de facilitations, telles que le couloir vert, sont accordées, rien n'est fait, en revanche, à l'export", constate M. Talaï qui appelle à une meilleure concertation entre toutes les unités impliquées dont les douanes, la DGSN, les entreprises portuaires, les ministères du Commerce et des Finances... L'objectif recherché est de réduire de moitié et l'attente des opérateurs et les coûts liés à ces échanges, indique-t-il, à travers la mise en place de guichets uniques dans toutes les enceintes portuaires. Ces guichets seront installés avec une société mixte algéro-émiratie qui sera créée prochainement. Le ministre cite également le coût du transport qu'il qualifie de "désastre" que vit son secteur. Le transport maritime a coûté en 10 mois la somme de 3,4 milliards de dollars. "Nous avions 78 navires auparavant et l'on se retrouve aujourd'hui avec 6 seulement", déplore-t-il. Le montant de la logistique reste aussi exorbitant et freine la compétitivité du produit national, quand bien même celui-ci est de bonne qualité et présenté avec un beau conditionnement. Or, ce chiffre ne devrait pas dépasser 15% du prix du produit, tel que le recommandent les normes internationales requises. Pis, d'autres pays exonèrent de taxes et subventionnent carrément les produits destinés à l'exportation. Produits agricoles, un atout Cependant, l'on s'interroge sur les capacités du pays à fabriquer des produits exportables à part le pétrole et le gaz. En réponse à cette question, Boudjema Talaï évoque les produits agricoles qui peuvent aisément, souligne-t-il, se frayer un chemin parmi ceux de la concurrence. "Les produits issus de l'agriculture sont compétitifs d'autant plus que l'eau et l'énergie utilisées par l'agriculteur sont à bon prix car subventionnées par l'Etat", précise-t-il au cours d'une journée d'étude consacrée aux exportations hors hydrocarbures, organisée jeudi au siège du groupe Sider. Ce sont des produits qui peuvent être placés facilement sur les marchés des pays européens et arabes. Insistant sur la nécessité d'équilibrer les volumes réalisés à l'export avec ceux de l'import, M. Talaï prévient les dirigeants des entreprises portuaires qu'il ajoutera aux contrats de performances auxquels elles sont soumises un élément variable, à savoir, le tonnage à l'export. "Plus vous faites du tonnage, mieux on vous paye", lance-t-il à l'adresse de ces responsables. Dans les trois années à venir, il faut atteindre, demande-t-il, 20 millions de tonnes de marchandises importées qui passent par les ports et 20 millions de tonnes dédiées à l'exportation. Pour cela, toutes les structures doivent s'impliquer pleinement en investissant en dehors des enceintes portuaires. L'idée, c'est de créer de nouveaux ports secs qui désengorgeront davantage les ports maritimes. D'autres mesures sont également prises par la tutelle notamment le contrôle des produits agricoles sur place, c'est-à-dire sur les lieux de production. Un texte de loi est actuellement en préparation, annonce le ministre. Ces infrastructures portuaires doivent se préparer dès maintenant à se conformer à la disposition qui dit qu'à compter du mois de juillet prochain, toute marchandise doit faire l'objet d'un dosage avant l'embarquement. M. Talaï exhorte aussi les entreprises portuaires à reconfigurer la composante de leur conseil d'administration en incluant des experts, des opérateurs économiques... Il leur conseille d'ouvrir les ports à l'activité touristique. "Il faut ériger des gares maritimes modernes afin d'organiser, entre autres, des croisières...", suggère-t-il. À ce propos, le ministère est en train de faire maturer une idée d'un projet de croisière avec des Italiens, nommée "croisière du cœur", au profit des étrangers nés en Algérie qui souhaiteraient revenir dans leur ville ou région natale. Badreddine K.