Une réunion nationale de tous les élus est prévue pour jeudi prochain à Alger. “On a substitué le départ des gendarmes par la révocation des élus ; c'est un détournement de la protesta”. La métaphore est de Karim Tabbou, chargé de la communication du Front des forces socialistes (FFS). Intervenant, hier, en marge de la réunion des élus et des membres du conseil national tenue à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, M. Tabbou résume ainsi la quintessence des débats menés sous la houlette du premier secrétaire national Ali Laskri : “Nous n'allons pas nous taire, nous allons opposer au coup de force du pouvoir contre le FFS des actions politiques et pacifiques sur le terrain.” Si le conférencier n'a pas donné de date, c'est parce que le soin a été donné aux sections locales du parti de décider de l'opportunité d'une action de rue. Ces actions à l'échelle locale seront couronnées par une manifestation au chef-lieu de wilaya de Tizi Ouzou. De plus, une rencontre nationale des élus sera tenue jeudi prochain au siège national à Alger pour organiser la riposte face à ce coup de force politique contre la démocratie, nous informe Tabbou. Un document où sont déclinés tous les arguments juridiques et politiques de la révocation des élus et qui met en évidence le caractère arbitraire d'une telle décision sera remis aux instances internationales, aux chancelleries et autres ONG. “Si nous nous mobilisons autant, ce n'est pas pour faire renoncer les autorités à leur décision puisqu'elles sont insensibles aux revendications populaires, mais pour éviter à ce que soit révoquée la démocratie”, dira encore le responsable du FFS, qui décèle chez le pouvoir une volonté de reconfigurer politiquement la Kabylie, en usant de coups de force, de recrutements clientélistes et de corruption à grande échelle, “des sommes faramineuses sont mobilisées via l'administration et des réseaux mafieux au profit de structures et d'organisations qui montrent une disponibilité à tous les emplois, notamment celui visant la déstructuration politique de la Kabylie”, dénonce encore l'orateur qui relève au passage le caractère monstrueux de la décision d'amender une loi pour avoir à justifier la dissolution des assemblées élues en Kabylie. “Il s'agit là d'un énième coup de force politique contre le FFS, contre la région et contre toutes les représentations politiques”, commente-t-il, avant de faire remarquer que la Kabylie, dont on veut casser tous les ressorts politiques, continue encore de subir les scénarios de la police politique en la plaçant comme abcès de fixation. La preuve, on veut compenser l'absence d'enquête sur les assassinats de 2001 par la révocation des élus, note le porte-parole du FFS. Par ailleurs, un meeting populaire a été organisé ce jeudi par la fédération du FFS de Béjaïa au chef-lieu de la commune de Souk El-Ténine. MM. Bouaïche Ikhlef et Khaled Tazaghart, respectivement premier fédéral et membre du conseil national du parti, ont dressé un véritable réquisitoire contre le Chef du gouvernement et les délégués dialoguistes du mouvement citoyen. Hier, vendredi, la fédération du parti d'Aït Ahmed a organisé une réunion extraordinaire regroupant ses élus et les premiers secrétaires de section à Akbou, afin de tracer un programme de protesta à travers toutes les communes de la wilaya de Béjaïa. Y. Arkat/ L. Oubira