La métaphore est sortie de la bouche d'un responsable du FFS : “Le départ des gendarmes est éludé au profit du départ des élus.” La tendance réputée proche de Djeddaï au sein du FFS est restée rivée dans les polémiques des années 90, alors que Ali Laskri, visiblement plus en phase avec l'opinion dominante actuelle, a mis de l'eau dans son vin, parce que la conjoncture le recommande, notamment dans la région. Le premier secrétaire national du parti n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour assener ses vérités. Ali Laskri a réservé ainsi un non franc et massif à deux questions qui font aujourd'hui l'actualité : l'amnistie générale et la révocation des élus locaux de son parti. “L'amnistie que le pouvoir veut nous imposer n'est, à vrai dire, qu'une auto-amnistie, puisque l'objectif inavoué d'un tel projet est l'impunité”, a déclaré le conférencier pour qui la pollution des valeurs et de la mémoire de la Kabylie, couplée au verrouillage politico-médiatique dont sont victimes les forces politiques et sociales autonomes, vise justement à éluder le débat démocratique forcément nécessaire dans un Etat de droit. À ses yeux, c'est la normalisation politique de la Kabylie qui prépare le lit de l'amnistie générale. Concernant la question des élus locaux, M. Laskri a rappelé la position de principe du parti de Hocine Aït Ahmed : pas question d'éjecter les représentants du FFS dans les APC et APW. Avant lui, Karim Tabbou, porte-parole du parti, a axé son discours sur la Kabylie. À ce propos, les délégués partenaires du Chef du gouvernement recevront une véritable volée de bois vert. “Hocine Aït Ahmed les avait qualifiés de moukhabarat, vous voyez bien qu'il avait raison”, a-t-il rappelé, avant de poursuivre : “La preuve, dès le départ, le pouvoir avait injecté ses chargés de mission pour vider le mouvement citoyen de toute sa substance politique ; d'ailleurs ces chargés de mission se sont attaqués aux partis politiques, le FFS et le RCD, et à l'Université de Tizi Ouzou pour brouiller les repères de la région.” La résurrection des archs participe de la volonté du pouvoir de substituer aux forces politiques de la région une structure archaïque et maniable à souhait, estime encore Tabbou pour qui “les archs sont un instrument de déstructuration et de dislocation de la Kabylie entre les mains du pouvoir.” “On ne peut revendiquer le jugement des assassins, tout en négociant avec leurs commanditaires”, ironise-t-il à propos du dialogue entre Ouyahia et ses partenaires. Un autre membre de la direction du parti a également pris la parole pour réaffirmer le refus de démettre les élus locaux de la Kabylie. À la fin des débats, un appel a été lancé pour participer à la marche d'aujourd'hui à partir du campus de Hasnaoua. Y. A.