L'accalmie est remise en cause au Moyen-Orient parce que les médias arabes appellent à “la résistance” palestinienne. Or, depuis sa réunion de juin 1974, le Conseil national palestinien a formulé le principe d'une “autorité palestinienne” sur “toute partie libérée de la Palestine”. Reconnaître le statut de “résistant” ou de “martyr” à des combattants qui agissent à l'encontre des engagements émis par l'autorité légitime des territoires libérés, c'est supposer une désertion de cette autorité. Elle aurait de fait abandonné le devoir de résistance aux groupes armés qui, régulièrement, rompent les trêves conclues par le gouvernement officiel. En un mot, on ne peut pas soutenir la démarche de Mahmoud Abbas et les entraves des groupes dissidents du Fatah et des organisations islamistes de Palestine. Or, ici comme en Irak, les Arabes sont formellement avec les pouvoirs officiels et, parallèlement, avec les forces antagonistes. Quand le sommet arabe de Rabat reconnaissait l'autorité de l'OLP et le droit à la paix et à la sécurité de “tous les Etats de la région”, il reconnaissait en principe et du même coup le droit à l'Autorité palestinienne de conduire, selon sa conception des intérêts palestiniens, le processus de paix. Mieux, un Etat palestinien par le Conseil national palestinien dans sa réunion d'Alger en novembre 1988. Ce qui lui donne une pleine souveraineté naturellement reconnue par les pays “frères”. Il n'échappait sûrement pas aux Palestiniens que le processus historique profitait à Israël. L'état de ni guerre ni paix servait les régimes arabes en leur offrant un point de fixation diplomatique qui permet d'éluder la question de régimes. La solution militaire n'est plus une option arabe depuis 1973. L'OLP a renoncé à récupérer la Palestine entière puisqu'elle a ôté de sa charte tout ce qui suggère le démantèlement de l'Etat d'Israël. Mais la cause palestinienne a continué à être détournée en “cause arabe” pour les besoins des pouvoirs locaux. Et à moindres frais. Pendant ce temps-là, Israël gagnait en territoires ce qu'il n'arrivait pas à engranger en sécurité. Si bien que l'Autorité palestinienne, débordée politiquement et militairement par les partis islamistes, ne peut plus assurer ses engagements liés au processus de paix, ni priver Israël des arguments qui justifient ses représailles et ses colonies subsidiaires. Malgré cela, on entend toujours, aux journaux télévisés des chaînes arabes et surtout la nôtre, des nouvelles de “mouqaouama” (résistance) des groupes qui se démarquent de la démarche de l'Autorité palestinienne et de “amalya istichaâdia” (acte martyr) pour désigner les attentats-suicides. Si une télévision d'Etat, voix “officieuse” des gouvernements, positive cette stratégie parallèle, cela veut dire que son pouvoir de tutelle est opposé à l'action de l'Autorité par ailleurs reconnue. L'Autorité palestinienne, de même que le gouvernement irakien, n'est bien entendu pas en position d'exiger une clarification des positions arabes. Mais leurs peuples, eux, paient le prix de cette duplicité tactique. M. H.