En portant au pouvoir le mouvement islamiste Hamas, les électeurs palestiniens semblent avoir induit un séisme en Israël et en Occident. Aussi, a-t-on vu une véritable levée de boucliers contre le mouvement islamiste palestinien -qui a remporté régulièrement les élections législatives- pour, essentiellement, crime de résistance contre l'occupation israélienne. A l'évidence, ce qui est admis et admissible pour tous les peuples du monde, résister contre l'occupation étrangère, ne l'est pas pour les Palestiniens, dès lors que l'adversaire n'est autre qu'Israël, le rare pays au monde qui ne respecte aucune loi internationale et piétine le droit du même nom. Or, le Hamas, taxé de mouvement radical est en fait la copie conforme du mouvement de résistance Fatah, créé en janvier 1965 par feu Yasser Arafat, et reprend de fait un programme politique que ce même Fatah, au fur et à mesure de son implication dans les affaires politiques des territoires occupés, a plus ou moins édulcoré. Pourtant, il a bien fallu négocier avec Arafat et le Fatah. Aussi, la venue dans le champ politique du Hamasfait-elle frémir d'horreur l'Occident qui réclame de ce mouvement, avant toute autre chose, son désarmement et la reconnaissance d'Israël. Or, Israël qui occupe encore les territoires palestiniens n'a toujours pas reconnu officiellement le droit des Palestiniens à ériger leur Etat indépendant. Israël en empêchant les Palestiniens de fonder leur Etat est en fait l'obstacle primordial à l'instauration de la paix au Proche-Orient. Qu'a fait l'Occident pour amener Israël à plus de mesure et lui signifier où se trouve son intérêt? Aussi, soyons sérieux, qui menace la paix et la sécurité au Proche-Orient, le Hamas, qui lutte pour le droit à l'autodétermination (du peuple palestinien) droit reconnu à tous les peuples du monde, y compris par la violence, (cf ; résolution 1415-XV de juin1960 du Conseil de sécurité de l'ONU), ou Israël qui occupe illégalement Ghaza, (certes, Israël s'en est retiré en septembre dernier, mais continue à en contrôler les frontières), la Cisjordanie et Jérusalem-Est et cela en violation des résolutions 242 et 338, notamment, du Conseil de sécurité de l'ONU? L'alarmisme de l'Occident aurait eu quelque fondement si, lors de toutes ces années, l'Occident a eu la volonté, même velléitaire,de faire pression sur Israël pour l'amener à appliquer les résolutions de l'ONU d'une part, honorer ses engagements vis-à-vis de l'accord d'Oslo d'autre part. Rien de tel n'a eu lieu et les pressions sont réservées aux seuls Palestiniens comme si c'étaient eux, et eux seuls, qui font obstacle à la paix dans la région. Même le Quartette, censé être le parrain du processus de paix et, cela étant, avoir une certaine hauteur de vue sur les faits et les choses, emboîte le pas à Israël et somme, en quelque sorte, Hamas de désarmer et de reconnaître Israël, sans aucune contrepartie de la part de l'Etat hébreu. Il est regrettable aussi, que le Quartette qui s'est réuni la semaine dernière pour étudier la nouvelle donne dans les territoires palestiniens, n'ait pas saisi cette opportunité de demander à Israël de raison garder et donner ainsi des raisons à Hamas et aux Palestiniens de croire que cette structure internationale n'est en aucune manière l'avocat d'Israël et travaille pour l'instauration de la paix dans cette région du Moyen-Orient en ne privilégiant pas un belligérant par rapport à l'autre. Pour justifier son inquiétude, l'Occident met en avant le projet du mouvement de résistance palestinien de «détruire» Israël. De fait, la «destruction» d'Israël qui a figuré dans la charte de l'OLP (Organisation de la libération de la Palestine), jusqu'à son abrogation par le CNP (Conseil national palestinien, Parlement en exil, lors de son congrès à Alger en novembre 1988) -le Hamas ne fait que reprendre un leitmotiv qui avait un sens dans les années 50 mais dépassé depuis- n'est en réalité qu'une clause de style propre à motiver la résistance palestinienne. Soyons sérieux, les roquettes Qassam du Hamas vont-elles, ont-elles la capacité (de) détruire Israël, la seule puissance militaire du Moyen-Orient et le seul Etat détenant l'arme nucléaire dans cette région? Pourtant à entendre les diplomates occidentaux on a l'impression que c'est Israël qui se défend avec des Qassam contre une super armée appelée ‘'Hamas'', oubliant facilement que c'est l'Etat hébreu qui occupe les territoires palestiniens et refuse d'appliquer les résolutions de l'ONU, exigeant le retrait d'Israël de Ghaza, de la Cisjordanieet de Jérusalem-Est. La résistance du peuple palestinien est un droit, d'autant plus que ce droit est conforté par la résolution onusienne de juin 1960 sur les droits des peuples colonisés, à la résistance à l'autodétermination et à l'indépendance. Aussi, l'Occident fait tout faux en instrumentalisant la pseudo-destruction d'Israël et en ne faisant rien pour que l'Etat hébreu applique les nombreuses résolutions de l'ONU sur le contentieux israélo-palestinien. Aussi, faire l'amalgame entre un mouvement de libération - qui use des moyens du bord pour se faire entendre par l'occupant - et le terrorisme, d'une part,surestimer la puissance du Hamas en plaçant sur un pied d'égalité un Etat, Israël, qui outre l'arme nucléaire dispose de la plus puissante armée du Moyen-Orient, et un mouvement de résistance, Hamas, dont les seules armes sont, essentiellement, les roquettes Qassam, voire ses bombes humaines, (des femmes et des hommes qui se sacrifient pour une cause, l'indépendance de leur pays, la Palestine) c'est faire preuve d'un aveuglement délibéré et refuser aux Palestiniens les mêmes droits qui sont ceux des autres peuples. De fait, un Etat, Israël, refuse depuis près de soixante ans aux Palestiniens d'ériger leur Etat. Or, dans cette affaire, l'Occident qui crie au loup fait chorus avec les loups, pour mieux faire oublier que les droits des Palestiniens sont spoliés depuis des décennies sans que la communauté internationale parvienne à faire appliquer par l'un de ses membres, Israël, les lois internationales qui s'imposent à tous. En 2006, Israël occupe toujours les territoires palestiniens et c'est sur la résistance palestinienne que l'Occident fait pression. Triste!
