Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) célèbre, aujourd'hui, le 16e anniversaire de sa création, une célébration qui précède de quelques jours la tenue du conseil national ordinaire du parti. Après avoir été reporté en raison des dernières intempéries qui avaient frappé le pays, le conseil national devrait probablement avoir lieu dans une dizaine de jours. Au cours de cette session, la situation politique, les questions organiques ainsi que les perspectives du parti seraient examinées. Si aucune manifestation d'envergure n'est prévue pour célébrer le 16e anniversaire, hormis une collation et une journée d'étude, demain, au siège du parti à El-Biar à Alger, il reste que la proximité de ces deux rendez-vous, en ce qu'ils charrient comme charge symbolique pour le premier et le contexte dans lequel il intervient pour le second, revêt une importance particulière pour cette formation atypique du champ politique algérien. Pur produit du Mouvement culturel berbère de 1980 et des luttes clandestines pour les libertés et les droits de l'Homme, le RCD, dont les fondateurs, au prix de leur liberté, ont joué un rôle de premier plan pour l'avènement de la démocratie, s'est très vite imposé à l'avant-garde du combat démocratique. La laïcité, la langue amazigh, le code de la famille sont autant de thèmes que le parti a réussi, grâce à un discours courageux et affranchi des tabous face aux multiples forces conservatrices et rétrogrades, à extirper des visions dogmatiques. Mieux encore, au faîte de la violence terroriste, le RCD proposait “la résistance”. Il n'en fallait pas plus pour provoquer une véritable tempête chez les clientèles du régime qui l'assimilait à un appel “à la guerre civile”. Pourtant, le pouvoir reprendra à son compte quelques mois plus tard cette proposition dont beaucoup mesurent, aujourd'hui, la contribution dans la réduction de la nuisance terroriste. Sur le chapitre économique, sa proposition du rééchelonnement de la dette extérieure a eu droit au même traitement avant que le pays ne s'engage, contraint, avec le désavantage d'un étouffement financier, dans des négociations avec le FMI. Bref, le RCD a été proscrit d'un accord unanime, comme dirait Rousseau. Il faut dire que le parti a également joué de malchance. Alors qu'il perd sur le chemin beaucoup de cadres, dont certains décédés, le RCD subira aussi les coups de foudre de “sa famille politique”. Et depuis quelques années, il sera particulièrement la cible privilégiée du pouvoir, au même titre d'ailleurs que l'opposition démocratique. La fermeture du champ politique et médiatique, la répression et l'interdiction de toute manifestation, l'absence de débat public aidant, le parti se confine depuis les élections du 8 avril dans un mutisme que beaucoup d'observateurs n'arrivent toujours pas à s'expliquer. Pourtant, le RCD ne fait pas mystère de ce choix : “Le RCD a choisi une stratégie qui est le contact direct et la proximité. On refuse de conforter l'image alibi d'un pluralisme dont on est en train d'organiser l'extinction”, soutient-on dans l'entourage du parti. “Tant que les conditions ne sont pas réunies, on ne va pas servir d'appoint et on ne compte pas réagir aux initiatives du pouvoir. Nous avons nos propres initiatives”, explique-t-on encore. Bref, le parti semble privilégier pour l'instant l'activité “souterraine”, celle-là même qui a donné ses fruits dans les années 80. En somme, par certains aspects, l'organisation d'une résistance face à l'adversité. K. K.