Les trois marches, organisées séparément par le RCD, le collectif des étudiants et le MAK, hier, à Béjaïa, dans le cadre de la célébration du Printemps berbère ont été une réussite en termes de mobilisation. Les marches ont drainé chacune des milliers de manifestants. Le premier à ouvrir le bal est le RCD. Dès 10h, des centaines de manifestants commençaient à affluer vers l'esplanade de la maison de la culture Taos-Amrouche : point de départ de la marche. Une heure après, la procession humaine s'est ébranlée. Au fur et à mesure que la marche avançait, ses rangs grossissaient. En effet, des milliers de personnes, plus de 10 000 marcheurs, selon Athmane Mazouz, secrétaire national à l'information au RCD, ont participé à cette marche. Tout au long du cortège, les manifestants ont scandé des slogans hostiles au pouvoir. "Pouvoir assassin", "Mazalagh d'Imazighen", "Assa azekka tamazight thella thella", "Liberté, égalité et laïcité" sont autant de mots d'ordre transcrits sur des banderoles brandies par les marcheurs. À leur arrivée au carrefour de Daouadji, les manifestants ont marqué une halte pour écouter dans un silence religieux "Aghourou", l'hymne national revisité par Matoub Lounès, et observé une minute de silence à la mémoire des martyrs de la Révolution et ceux du Printemps noir. La marche reprend la direction la place Saïd-Mekbel où les responsables locaux et nationaux du parti ont improvisé une prise de parole. "Chaque année à la même date, le RCD investit la rue par des marches pour commémorer le Printemps berbère et le Printemps noir afin que nul n'oublie et pour rendre hommage aux martyrs tombés pour la démocratie et tamazight", déclare Mouloud Deboub, président BR du RCD, après avoir salué toute cette marée humaine, qui a répondu à l'appel du parti. "Cette année, la nouveauté est la volonté manifeste du pouvoir de vouloir récupérer cette date historique pour la pervertir comme les dates du 5 Juillet, le 1er Novembre et le 19 Mars. Mais vous êtes là pour lui dire non. C'est une date qui appartient au peuple", conclut l'orateur. "Vous êtes des milliers à répondre à notre appel. Le pouvoir ne peut casser ni la démocratie ni tamazight", déclare Athmane Mazouz. "Nous disons au pouvoir que la nouvelle Constitution est la vôtre et non celle du peuple", ajoute l'intervenant, avant de répondre au ministre de la Jeunesse et des Sports, El-Hadi Ould Ali : "Nous voulons construire l'Algérie. C'est vous qui voulez la partition du pays." La secrétaire nationale à la numérisation au RCD, Aniza Sadouni, a qualifié, dans son intervention, la journée de celle de tamazight et de la démocratie tout en rendant hommage à tous ceux qui ont tracé cette voie de lutte pour l'émancipation citoyenne. De son côté, Djamel Benyoub, secrétaire national aux affaires juridiques, a dénoncé la réduction de tamazight au statut mineur après sa prétendue officialisation. À noter que les manifestations d'hier se sont déroulées sous haute surveillance policière ; un hélicoptère de la police n'a pas arrêté de faire une surveillance aérienne ; cette surveillance a été entamée depuis lundi et elle se poursuit à l'heure où nous mettons sous presse, en sus des renforts de CNS stationnés au siège de la sûreté de wilaya. L. O.