Ils étaient des milliers à marcher, hier à Bouira, célébrant le 35e anniversaire du 20 Avril. Pour cette année, ils étaient plus nombreux que l'année précédente. Une marche qui a vu la présence en force des cadres du RCD, à leurs côtés des figures du Mouvement berbère et du Printemps amazigh. Dès la matinée, la place des Martyrs est investie par les militants de la cause amazighe. Une sonorisation diffusait des chants patriotiques, notamment les chansons du chantre Matoub Lounès. La grande foule s'est constituée petit à petit. À 10h30, des membres du RCD prennent la parole. Saïd Nedjaï, membre du bureau régional, ouvre le bal en fustigeant le pouvoir en place. Il a déclaré devant les militants : "C'est une marche pour la transition démocratique et pacifique. La démocratie est une affaire de tous les Algériens. Ce n'est pas une affaire d'activité culturelle, mais de reconnaissance de nos origines." Il dénonce la manipulation médiatique orchestrée par le pouvoir. Kaci Yahiaoui, une figure du mouvement du Printemps noir, revient sur les sacrifices consentis par les militants de la cause. "Nous avons payé avec notre sang notre identité. Nous avons arraché la reconnaissance de la langue en tant que langue nationale et nous continuerons notre combat pour son officialisation", dit-il. Yahia Akkache, membre du bureau national du RCD, est revenu dans son intervention sur la continuité du combat par les nouvelles générations. "Nous sommes ici pour transmettre le flambeau à la nouvelle génération. Nous appelons les jeunes à relever le défi et poursuivre le combat pour la reconnaissance de notre identité." Jeune étudiant, Hamou Merzouk, lui emboîte le pas et fait une intervention incendiaire envers le pouvoir : "Nous sommes là pour prendre le flambeau du combat identitaire. Il ne faut pas oublier ceux qui sont tombés lors des événements du Printemps noir. Ils ont laissé des veuves et des orphelins, mais à ceux-là, nous dirons, nous continuons le parcours de nos aînés. Nous avons prêté serment." Il fait, par la suite, le rappel des principales dates historique du combat amazigh, depuis 1949 jusqu'à Avril 1980. À 11h, la marche s'ébranle à partir de la place des Martyrs vers le siège de la wilaya. Les marcheurs ont parcouru les principales artères de la ville. Une banderole géante sur laquelle est inscrit "L'Algérie n'est pas à vendre" est déployée à l'avant de la marche. Sur d'autres banderoles, on pouvait lire des slogans relatifs au mouvement amazigh, notamment l'appel à l'officialisation de la langue amazighe. Des slogans anti-pourvoir sont scandés : "Mazalagh di mazighen", nous sommes toujours des Amazighs, "Assa azeka tamazight tela tela", aujourd'hui, demain, tamazight existera. Devant le siège de la wilaya, une déclaration rédigée par le bureau régional du RCD est lue. La foule s'est dispersée dans le calme. Une autre marche organisée par le MAK, qui a mobilisé près de 150 étudiants, partis de l'université vers le siège de la wilaya, a emprunté un autre itinéraire. Les marcheurs ont brandi des banderoles appelant à l'autonomie de la Kabylie. A. D.