Des sources ont indiqué qu'Azouaou Mehmel a été limogé par un conseil d'administration présidé par la ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, Houda Imane Feraoun, et réuni "dans l'urgence", alors que le concerné était "en mission à l'intérieur du pays". Le conseil d'administration d'Algérie Télécom a désigné, jeudi, Mohamed Sbaâ P-DG par intérim, en remplacement d'Azouaou Mehmel. Dans un communiqué de presse d'à peine 8 lignes, le ministère de tutelle a indiqué que la décision a été prise pour "insuffler une nouvelle dynamique managériale au groupe". Il a également précisé que M. Sbaâ, ingénieur en télécommunications de formation, est issu du même groupe, où il a eu à "occuper plusieurs responsabilités, dont la fonction de chef de la division des opérations et du développement des réseaux". Algérie Télécom, pour rappel, a été créée en août 2000, à la faveur de la loi relative à la restructuration du secteur des postes et télécommunications, séparant notamment les activités postales de celles des télécommunications. Leader sur le marché algérien des télécommunications, la principale activité d'AT est de fournir des services du téléphone et de l'Internet par ADSL. Dans un bilan établi en 2015, l'Autorité de régulation de la poste et télécommunications (ARPT) a révélé que le nombre d'abonnés d'AT pour le téléphone fixe est de 3,267 millions contre 1,838 million pour l'internet ADSL. Une telle place sur le marché national suscite naturellement des convoitises, mais elle peut aussi engendrer des pressions et des calculs. Des sources ont indiqué qu'Azouaou Mehmel a été limogé par un conseil d'administration présidé par la ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, Houda Imane Feraoun, et réuni "dans l'urgence", alors que le concerné était "en mission à l'intérieur du pays". On parle même de "divergences" entre M. Mehmel et la ministre. D'autres sources ont rapporté que le désormais ex-PDG d'AT a été remercié comme l'ancien P-DG de Mobilis, Saïd Dama, à cause du "mauvais bilan" de l'entreprise. Tout en s'interrogeant sur les raisons du rapprochement de M. Mehmel avec Baha-Eddine Tliba, premier vice-président de l'Assemblée populaire nationale (APN) et membre du comité central du FLN. Mais, ce qu'il faut retenir le plus, c'est que la mise à l'écart du responsable a provoqué, outre la colère des cadres, une avalanche d'interrogations sur la gestion via les limogeages qui, eux, témoigneraient de l'instabilité du groupe. En effet, une année après l'entrée en activité d'Algérie Télécom, soit en 2004, son P-DG, Messaoud Chettih, avait été limogé. Deux ans plus tard, son successeur, Brahim Ouaret, aura des démêlés avec la justice et sera incarcéré. En mai 2008, Mouloud Djaziri, alors P-DG d'AT, connaîtra le même sort que M. Chettih et sera remplacé par Kheïreddine Slimane, qui se retrouvera dans le collimateur de la justice algérienne. En mars 2012, El-Hachemi Belhamdi, occupant le poste de P-DG d'AT subira le même sort que ses prédécesseurs et sera remplacé par Azouaou Mehmel. Aujourd'hui, c'est au tour de ce dernier d'être dégommé. Et, comme pour l'opérateur Mobilis, c'est un intérimaire aux prérogatives très limitées qui vient d'être désigné en remplacement de M. Mehmel. Ces changements au sommet de l'organigramme de l'opérateur historique de télécommunications (AT) auraient contrarié le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui aurait exigé d'être informé, au préalable, des décisions qui seraient prises, à l'avenir, à l'encontre des hauts responsables des entreprises stratégiques. Hafida Ameyar