L'ancien chef de gouvernement s'est montré compatissant à l'égard du président de la République, refusant d'apporter un quelconque commentaire sur l'état de santé de ce dernier. Le président de Talaie El-Houriyet, Ali Benflis, a qualifié hier la polémique créée autour de la photo postée par le Premier ministre français, Manuel Valls, sur sa page Twitter, où le chef de l'Etat paraissait très affaibli, de "tentative de diversion", conçue, dit-il, pour faire oublier "une situation de plus en plus grave pour le pays" et découlant d'une "crise de régime". C'est pour cette raison, d'ailleurs, qu'il avait, explique-t-il, refusé jusqu'ici de commenter le geste de M. Valls que beaucoup avaient assimilé à un crime de lèse-majesté, suscitant des réactions violentes de certains cercles dans ou proches du pouvoir. Refusant de "commenter les commentateurs", l'ancien chef de gouvernement rappelle que la seule fois où il avait évoqué le sujet, c'était lors d'un de ses déplacements dans la wilaya de Bouira, en réponse à une question qui lui avait été posée sur ce dossier. "J'avais dit que c'était une nouvelle tentative de diversion d'un régime qui fait face à une impasse politique et économique", s'est-il contenté de dire, à ce propos. Animant une conférence de presse à l'issue des travaux de la première session du conseil national de sa formation qui s'est tenue à Zéralda, M. Benflis s'est même montré compatissant à l'égard du président de la République, refusant d'apporter un quelconque commentaire sur l'état de santé de ce dernier. "Ni ma conscience, ni mon éducation et encore moins ma conception de la politique ne me permettent de dire quoi que ce soit à ce propos", s'est-il limité à déclarer à ce sujet. Invité à réagir aux accusations proférées par certaines voix qui ont évoqué un prétendu complot ourdi par l'étranger avec la complicité de l'opposition, l'ancien chef de gouvernement s'est montré intraitable sur ce sujet, estimant que le rassemblement de l'opposition est la chose la plus extraordinaire qui ait pu arriver au pays, "en ces temps d'incertitudes politiques et économiques". "Ce regroupement de l'opposition, avec toutes les différences qui existent entre les partis qui la composent, constitue le meilleur acquis pour le pays", a-t-il soutenu. "Qu'a-t-elle fait de mal cette opposition dont on parle tant ?", s'est-il, en effet, interrogé. "L'opposition est algérienne et s'est réunie en Algérie pour proposer une démarche pour une sortie de crise qui doit passer par l'émergence d'un consensus politique entre le pouvoir et la classe politique", a-t-il répliqué. Interrogé sur la question de la vacance du pouvoir, M. Benflis a estimé qu'il s'agit là "d'un segment d'une problématique plus globale qui s'appelle la crise de régime". Pour lui, "le renouveau ne peut venir que d'institutions légitimes représentatives du peuple à qui incombe la mission de moderniser l'Etat et ses démembrements". Mais, déplore-t-il, "il existe une crise de représentation", martelant que "le système rentier ne peut se transformer du jour au lendemain en système de gouvernance juste et honnête". "Ils n'ont ni la volonté ni le courage politique pour ça", regrette-t-il, dénonçant, au passage, la grande criminalité financière qui, relève-t-il, s'installe désormais sans que les institutions concernées réagissent. "La grande criminalité est un produit systémique", indique-t-il, comme pour faire le lien avec l'atmosphère d'impunité qui règne dans le pays. Invité à commenter l'opération de l'emprunt obligataire lancé par les pouvoirs publics, M. Benflis a répondu, sur un ton de dérision, qu'"on est passé d'une amnistie fiscale pénalisée à une amnistie fiscale rémunérée", en référence aux deux initiatives du gouvernement, en l'occurrence la mise en conformité fiscale et l'emprunt obligataire. Hamid Saidani