Ali Benflis au milieu de ses invités Le congrès du parti s'est ouvert en présence de trois anciens chefs de gouvernement et des représentants des partis de l'opposition. La République est menacée dans ses fondements, l'Etat national est fragilisé, la cohésion de la nation est mise en danger et les équilibres essentiels de notre société sont sérieusement atteints. Il ne pouvait y avoir un constat plus amer sur la situation du pays que celui dressé, hier, par Ali Benflis, à l'ouverture des travaux du congrès constitutif de son parti, Talaiou El Houriyet, hier à l'hôtel Hilton d'Alger. Dans son long discours, l'ancien chef du gouvernement a fait le procès du régime politique, accusé de tous les maux, relevant «une flagrante vacance du pouvoir et une illégitimité des institutions, de la base jusqu'au sommet». Il accuse des parties occultes d'avoir accaparé le centre de décision et estime que le seul souci du régime politique est sa survie. «Notre pays est confronté à une crise globale. Il s'agit d'une crise systémique globale avec toutes ses dimensions: politique, économique et sociale. Oui, c'est le système politique national qui est au coeur de la crise de régime à laquelle notre pays est confronté», a-t-il lancé. «Oui, c'est le système politique national qui est au coeur de la fragilité et de la précarité de l'économie nationale qui n'existe pas comme modèle rationnel et cohérent avec pour résultante inévitable l'assujettissement de toute une nation et de tout un peuple à toutes les formes de dépendance devenues inacceptables et intolérables», a-t-il ajouté. L'ancien candidat aux présidentielles de 2004 et de 2014 a ouvert les travaux du congrès constitutif de son parti devant des invités représentant l'ensemble des partis politiques de l'opposition. Soufiane Djilali, président de Jil Jadid a prononcé un discours au nom de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (Cnltd) et Tahar Benbaïbèche a pris la parole au nom du Pôle des forces de changement, coordonné par M.Benflis lui-même. Parmi les invités figuraint trois anciens chefs de gouvernement: Belaïd Abdesselam, Mokdad Sifi et Ahmed Benbitour, d'anciens ministres et d'anciens gradés de l'armée. Y figuraient également des militants connus des droits de l'homme, à leur tête l'infatigable Ali Yahia Abdenour, Mustapha Bouchachi et Mokrane Aït Larbi. «C'est la grande famille de l'opposition politique», s'est réjoui M.Benflis lors de son intervention. Son parti aspire à une place de marque sur la scène politique nationale et bousculer les partis au pouvoir. Devant les congressistes, il a expliqué que créer un parti politique n'est pas une partie de plaisir, mais plutôt et surtout relever les défis qui se présentent au pays. «Nous acceptons donc de relever ce défi, de faire front face à l'épreuve et à l'adversité qui nous attendent et de consentir les sacrifices qui nous sont demandés», a-t-il affirmé, déplorant la conception faite du pluralisme politique par le système qui est, selon lui, «au coeur de la dévitalisation de notre société, des dysfonctionnements dont elle est atteinte, des ruptures d'équilibre qui s'opèrent en son sein et de la perte de son système de valeurs et de ses repères moraux». M.Benflis décrit une situation politique catastrophique, une situation économique des plus inquiétantes et prévoit des lendemains incertains. A ses yeux, le pays n'est même pas préparé à amortir un choc comme il l'était dans les années 1980 si la crise énergétique mondiale persiste. Mais le fondateur de Talaiou El Houriyet qui a rendu un hommage appuyé à l'ANP oppose un optimisme à ce constat sans appel. Pour lui, les solutions existent, l'espoir est permis et il est temps de sortir de la crise en empruntant une autre voie. «Les motifs de l'espoir sont là. La foi en l'avenir ne s'est pas éteinte. Les crises auxquelles notre pays est confronté sont nombreuses et dangereuses. Mais leur règlement n'attend ni l'homme providentiel ni des faiseurs de miracles», a-t-il dit, soutenant que le règlement de toutes ces crises existe sans heurts et sans ruptures. «Ce règlement est en chacun d'entre nous et sa réalisation est un devoir collectif. Ce règlement est à portée de nos mains. Il n'exige que la sagesse, la lucidité et le courage des hommes de bonne volonté. Et c'est par la sagesse, la lucidité et le courage que se construisent les grandes nations», a-t-il encore argué. Il est à souligner enfin que les travaux du congrès seront clos aujourd'hui avec l'adoption des résolutions du parti, le plébiscite de son président et l'élection des membres du comité central.