La classe politique déplore l'absence totale de transparence sur les motifs ayant présidé à ces changements. Les limogeages en cascade, le remaniement ministériel, le mouvement dans le corps des walis, des secrétaires généraux des wilayas et des chefs de daïras, ont provoqué un véritable séisme sur la scène politique en cette fin juillet houleuse. Non encore justifiés par une quelconque communication officielle, ces changements suscitent des interrogations de l'opinion publique, diverses réactions, notamment celles émanant des partis de l'opposition. Comme réplique, des commentaires pleuvent à tous les niveaux de la scène politique nationale. A ce propos, le président du MSP déplore «l'absence flagrante de transparence du pouvoir qui observe un silence assourdissant en refusant d'éclairer l'opinion publique sur les dessous du remue-ménage opéré ces derniers jours». Il a souligné que «ce qui s'est passé à ce niveau du sommet de l'Etat, a un impact direct sur l'avenir du pays et concerne de fait tout le monde». «Ce fait n'a pas manqué de susciter l'intérêt des citoyens, qui sont dans leur droit de demander des comptes et des explications», a-t-il ajouté. Pour Makri, «la multiplication des rumeurs est ce qui reflète le mieux que le régime est miné par des crises qui couvent en son sein, et cela nous rappelle la crise pétrolière de 1986 et les évènements dramatiques de 1988». Tout en mettant en garde contre les retombées de telles rumeurs et manipulations sur l'économie nationale, il commente que si l'économie algérienne est arrimée à l'économie mondiale, ces cacophonies auraient provoqué l'effondrement du marché et de la Bourse». Pis encore, «avec la piètre situation financière induite par l'affaiblissement continue des recettes des hydrocarbures, conjuguée à une économie délabrée et totalement rentière, la chute ne sera que brutale et dangereuse». Il a qualifié «ceux qui se livrent une guerre sans merci et sont motivés par leurs intérêts au détriment de l'intérêt général, en voulant renforcer leurs positions et leurs influences». Au-delà du fait de l'existence ou non de cet incident, le bruit qui court influence l'opinion publique». Par conséquent, «les volontés sincères qui se trouvent dans les sphères officielles, dans l'opposition et à d'autres niveaux se doivent de réagir avant qu'il ne soit trop tard», a-t-il conclu. Tout le monde s'accorde à dire que les remaniements à deux temps du gouvernement et le vaste mouvement dans le corps des walis, «reflètent l'impasse et une instabilité permanente au sein des centres de décision du pouvoir». Le porte-parole du parti de Talaiou El-Houriyet de Benflis, Ahmed Adhimi a souligné dans son entretien accordé au quotidien El-Khabar que «la manière carnavalesque avec laquelle sont opérés des remplacements à la tête des institutions du département des Renseignements est analogue à une opération de démantèlement de ce département par une force qui considère que ce département entravera ses desseins et plans». «Au lieu d'un limogeage entouré de flou, le changement devait se faire dans le cadre du mouvement habituel dans les rangs de l'armée, prévu récemment», estime-t-il. A titre de rappel, le chef de l'Etat a limogé le chef de la Garde républicaine, le général-major Ahmed Mouley Meliani, du responsable de la direction générale de la sécurité et de la protection présidentielle (Dspp), le général-major Djamel Kehal Medjdoub, ainsi que du patron de la direction de la sécurité intérieure, le général-major Ali Bendaoud.