Le parti a organisé, hier, un colloque international sur l'intégration maghrébine. Les instruments de passage d'une économie de rente à une économie de production ont été également abordés. "L'avenir de notre pays est inséparable de l'espace nord-africain", a estimé, hier, le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, lors d'un colloque international sur l'économie et le coût de la non-intégration de l'Afrique du Nord organisé par le parti à l'hôtel El-Riadh, de Sidi Fredj, à Alger. Au-delà des nombreuses études qui chiffrent les pertes économiques du non-Maghreb, "le RCD inscrit son action dans une régionalisation qui redonne du sens aux territoires à travers l'institution d'une fédération des Etats d'Afrique du Nord... Une Afrique du Nord démocratique", a annoncé M. Belabbas, rappelant que "l'intégration régionale est avant tout une stratégie pour la croissance économique, le développement des marchés, la création d'emploi et l'amélioration des conditions de vie". Le président du RCD a affirmé que "ce qui a été souhaité pendant l'occupation coloniale devient, aujourd'hui, une condition essentielle de notre développement, de la sécurité de notre région et de l'émancipation de nos peuples", constatant que "cette grande ambition a été contrariée, quand elle n'a pas été diabolisée, par des calculs sordides de clans mafieux". Revenant sur la crise financière qui frappe l'Algérie, M. Belabbas a noté que celle-ci "intervient à un moment marqué par de multiples incertitudes et, davantage encore, par un climat politique délétère". Le président du RCD a soutenu que "l'ampleur de la corruption, de la fraude, de l'évasion fiscale, du blanchiment et des transferts illicites d'argent ont jeté l'opprobre sur l'ensemble des institutions exécutives, parlementaires et judiciaires". Et d'ajouter que "les scandales de corruption touchent les institutions, des membres du gouvernement : ils font partie de la gestion officielle et semblent même être les marqueurs d'une gouvernance qui a tourné le dos à l'intérêt général". "La paralysie de l'appareil judiciaire, devant tant d'outrance sévissant à tous les niveaux, vire vers la consécration d'une impunité de fait pour tout le personnel politique dirigeant", déplore Mohcine Belabbas, qui a dressé un tableau peu reluisant de l'économie algérienne, trop dépendant des hydrocarbures. Cette rente, qui devait servir à la construction "graduelle et sans grands heurts sociaux" d'une économie de production, a "malheureusement inhibé l'effort et l'innovation". "Les politiques populistes, l'achat de la paix sociale, érigés en stratégies de gouvernement, ont dévalorisé la planification et marginalisé les compétences au profit d'urgences forcément opportunistes et politiciennes durant une quinzaine d'années", poursuit le président du RCD, précisant que son parti "ne mise nullement sur le chaos économique et social pour reconstruire un système politique plus juste émanant de la volonté populaire". Le colloque s'est penché sur les instruments de passage d'une économie de rente à une économie de production, les solutions à court terme à la crise financière et le coût de la non-intégration nord-africaine. Le professeur Abdelhak Lamiri est revenu, dans son intervention, sur les facteurs-clés de succès de la transition, insistant sur l'urgence d'investir dans les ressources humaines, une condition sine qua non pour tout développement économique à côté de la qualité de management. "Vous ne pouvez jamais obtenir une efficacité économique sans changer le mode managérial", a-t-il affirmé, estimant que ce qui a été fait, durant ces vingt dernières années, injecter des milliards pour développer les infrastructures, a été une des plus grandes erreurs commises depuis l'indépendance. "On s'est pris pour un pays développé, alors qu'on est un pays sous-développé, mal géré", a fait remarquer M. Lamiri, ajoutant qu'"aucun pays dans le monde ne peut progresser avec des cerveaux sous-développés", soutient l'expert en management. Au lieu de faire comme la Chine et l'Inde qui ont misé sur les facteurs-clés de succès, notamment les ressources humaines, l'Algérie a fait le contraire. Résultats : la croissance en Algérie est extensive. La productivité baisse de 0,5% par an. Notre pays crée 5 fois moins d'entreprises qu'un pays de même niveau de développement... "Le problème est politique", a soutenu l'expert en management, plaidant pour la mise en place des politiques d'émergence et la création une institution "cerveau". L'ancien ministre délégué au Trésor, Ali Benouari, a estimé, pour sa part, que la politique budgétaire menée en Algérie ne produit pas de la richesse. "Telle qu'elle est appliquée, elle ne peut produire que du sous-développement", a-t-il soutenu. Meziane Rabhi