Malgré l'intervention des pompiers et leurs tentatives de lui sauver la vie, T. Taychi succombe à ses blessures. Jeudi dernier, la cour criminelle d'Oran a condamné Z. Menaouer à la prison à perpétuité pour le meurtre de R. Taychi, patron d'une station de lavage auto située à Lomme, commune lilloise du nord de la France. Bien qu'il ait nié tous les faits qui lui étaient reprochés, le tribunal a jugé que les éléments de preuve contenus dans le dossier d'accusation prouvaient la culpabilité du prévenu dans l'homicide volontaire mais aussi dans l'usage de faux et l'usurpation d'identité qui lui ont permis de fuir en Algérie. L'affaire remonte au début d'après-midi du mardi 3 septembre 2013, lorsque deux hommes cagoulés entrent dans la station de lavage de Lomme, abattent le patron, un ressortissant marocain de 42 ans, et quittent rapidement les lieux. Malgré l'intervention des pompiers et leurs tentatives de lui sauver la vie, T. Taychi succombe à ses blessures. Des douilles de 9 millimètres provenant d'une arme automatique sont retrouvées sur les lieux du crime. La police judiciaire de Lille qui est chargée de l'enquête privilégie très vite la thèse d'un règlement de comptes : R. Taychi était connu pour ses accointances avec le milieu du trafic de drogue et il avait déjà purgé une peine de prison à la fin des années 2000. Explications de l'avocat de la famille, tel que rapportée par les médias français : des trafiquants se seraient fait voler de la drogue chez une "nourrice". Quelqu'un aurait accusé et violemment agressé le jeune frère de la victime. Taychi aurait appelé les trafiquants pour les menacer. Deux jours plus tard, ils débarquent dans son entreprise et le tuent... Quelques heures après le drame, deux hommes, des frères, sont arrêtés, mis en examen et écroués par le tribunal de Lille : ils sont suspectés d'avoir trempé dans le crime. Mais le tireur présumé, lui, désormais identifié comme étant Z. Menaouer, ressortissant algérien, est introuvable. Un mandat d'arrêt international est lancé et le 16 septembre, bien qu'il se fût dissimulé derrière l'identité de son jeune frère, il est arrêté au port d'Oran, à sa descente du bateau. Jeudi 5 mai 2016, Menaouer nie tous les faits qui lui sont reprochés : il ne connaît pas Taychi et n'a pas pris part au meurtre dont il est accusé. Les faits, pourtant, sont têtus et les preuves accablantes. Notamment une cagoule que la présidente exhibe : elle a été retrouvée dans la voiture qui a quitté la station de lavage au moment de l'homicide et elle porte des traces de salive appartenant à l'accusé. L'analyse ADN ne ment pas et les chargés du dossier français ont fait parvenir à la justice algérienne les éléments à charge. Outre l'analyse scientifique que Menaouer tentera de mettre en doute, et les dépositions de témoins le situant sur les lieux du crime, l'épouse de la victime viendra témoigner des liens qui existaient entre Taychi et l'accusé : oui, ils se connaissaient, elle avait déjà eu l'occasion de voir Menaouer devant la maison de ses beaux-parents. Dans sa plaidoirie, l'avocat de la partie civile dira que les accusations sont avérées et parlera notamment d'une précédente déclaration de l'accusé qui avait confirmé qu'il avait eu une altercation avec la victime à propos d'une somme d'argent et que le coup de feu était parti accidentellement. Le ministère public, pour lequel le dossier d'accusation contient suffisamment de preuves à charge, requerra la perpétuité pour homicide volontaire, faux et usage de faux et usurpation d'identité. La défense, elle, tentera de plaider l'acquittement pour l'homicide volontaire, les preuves présentées ne démontrant pas de manière incontestable la culpabilité du mis en cause, et réclamera les circonstances atténuantes pour les deux autres chefs d'accusation. Dans l'attente du procès de ses deux présumés complices qui, eux, seront jugés en France, Z. Menaouer a été reconnu coupable et condamné à la réclusion à perpétuité. S. Ould Ali