Louisa Hanoune, qui a tenu à participer au rassemblement de solidarité avec les travailleurs du groupe El Khabar devant le tribunal administratif de Bir-Mourad-Raïs, se montre catégorique : "Si on muselle la presse, à quoi servira le multipartisme ? C'est Hamid Grine qui a politisé le conflit en s'attaquant à trois journaux. Ce ne sont ni El Khabar ni Issad Rebrab." Omar Belhouchet confirme. Il témoigne de l'acharnement des pouvoirs publics contre des titres ciblés de la presse privée : "Ils nous ont considérablement affaiblis financièrement. En six mois, des journaux ont perdu 60% de leurs recettes publicitaires. Si nous n'avions pas les reins solides, nous n'aurions pas tenu le coup." Mme Hanoune acquiesce, compatissante. "Ils veulent qu'on parle des scandales ? Eh bien, nous le ferons", assène-t-elle. Pour elle, il n'est plus question de fermer les yeux plus longtemps "devant la politique de deux poids, deux mesures ; le pillage de la publicité ; le siphonnage des deniers publics...", au moment où le pays est confronté à une conjoncture économique épineuse. "Nous ne pouvons plus nous taire. Si El Khabar disparaît, aucun journal n'aura plus de ligne éditoriale libre et les partis politiques n'auront plus aucune raison d'exister. Si nous nous taisons, c'est le totalitarisme qui avancera à grands pas, parce que, hélas, il y a un groupe qui a accaparé le centre de décision, dont le secteur de la communication. D'ailleurs, nous n'avons pas besoin d'un ministère de la Communication", développe-t-elle. Elle revient sur l'appel qu'elle a reçu, il y a quelques jours, du ministre de la Communication. "Il a prétendu n'y être pour rien. Je lui ai répondu : ‘Levez alors la main sur El Khabar.' Qu'il reconnaisse qu'il a eu tort et qu'il corrige sa démarche." Interpellée sur son décryptage de cet appel, la secrétaire générale du PT affirme que M. Grine semble désarçonné par la forte mobilisation autour de la cause d'El Khabar. "Il ne s'attendait pas à une telle levée de boucliers ; à une prise de conscience extraordinaire. Je l'ai constaté lors de mes déplacements dans les wilayas. Les lecteurs d'El Khabar avoisinent le million. Ils sont prêts à le défendre. De toute manière, il faut se mobiliser pour éviter de fragiliser davantage l'Etat algérien. Par sa démarche, le ministre de la Communication met en danger le pays, et non pas les journaux qui disent la vérité. Je ne suis pas venue défendre la démocratie, car elle est broyée depuis longtemps. Je suis ici par patriotisme", analyse-t-elle.