L'affaire du rachat du groupe El Khabar par Rebrab a été reportée, encore une fois, au 25 mai prochain par la deuxième chambre des référés du tribunal administratif de Bir Mourad Raïs, à Alger. Ce renvoi permettra aux avocats du ministère de la Communication d'examiner les requêtes qui ont été présentées par le collectif des avocats du groupe El Khaber, nous dit-on. C'est d'ailleurs ce qu'a été confirmé auprès de Me Mustapha Bouchachi (avocat du groupe El Khaber), qui a affirmé que le ministère de la Communication avait constitué un deuxième avocat en l'occurrence Me Bitam Nadjib. Ce dernier, précise Me Bouchachi, avait demandé un délai pour répliquer à la requête de la défense. Une décision qui a été bien accueillie par les avocats de la défense d'El Khaber. C'est ce qui ressort des déclarations d'un des avocats: «nous accueillons cette décision avec satisfaction, cela reflète qu'on n'est pas devant un procès en référé, car si c'était le cas, ils auraient plaidé l'affaire aujourd'hui» a précisé Me Chaïb Sadek. Et de souligner que «si cette affaire touche à l'ordre public, ils auraient tranché aujourd'hui même » L'avocat Chaib Sadek a précisé que le dossier de fond présenté par le ministère de la Communication est incomplet. Et d'affirmer que la défenderesse du groupe El Khaber avait consulté le dossier de fond. «Un dossier qu'on considère vide, dépourvu de moyens de preuves administratives, civiles et pénales » Il explique que la demanderesse (ministère de la Communication) doit prouver ce qu'elle avance. Or, Ils n'ont pas ramené au juge les preuves que Issad Rebrab est propriétaire de Cevital, ou propriétaire de Ness Prod, ou propriétaire du journal Liberté. Et de conclure : « le juge n'est pas censé savoir tout ça ». Un des avocats du groupe Cevital, Me Khaled Bergheul a affirmé que plus d'une centaine d'avocats ont exprimé leur solidarité avec le groupe El Khaber en soutenant la liberté d'expression et l'indépendance de la presse. La mobilisation des journalistes, de la société civile, partis politiques pour soutenir le journal El Khaber, notamment la liberté d'expression, était à son comble hier, comparativement à la fois précédente. L'on a constaté la présence remarquée de chefs des partis politiques, Louisa Hanoune, Sofiane Djilali, Karim Tabou, Mohsen Bellabès, à côté des personnalités politiques comme Zohra Drif, Khalida Toumi. Les syndicats autonomes n'ont pas manqué à l'appel. Le SNPSP, le Cnapest sont venus eux aussi soutenir les journalistes qui brandissaient les photos des martyrs de la presse. Notamment, ceux assassinés par les terroristes. Les journalistes protestataires réclamaient le départ du ministre de la Communication. Sofiane Djilali, président du parti Jil jadid, a dénoncé pour sa part la politique de deux poids, deux mesures. « Il y a dans le paysage médiatique algérien des hommes d'affaires qui sont le soutien direct du pouvoir, qui possèdent plusieurs journaux et chaines de télévision, mais à d'autres on interdit de posséder deux journaux ». Pour Sofiane Djilali, on n'est est plus devant une affaire commerciale, mais ce qui se passe « c'est une opération politicienne menée par un gouvernement qui est devenu illégitime ». Hanoune demande à Grine de retirer sa plainte Tout en mettant en garde l'opinion publique contre ce régime qui se dirige vers le totalitarisme, Louiza Hanoune, secrétaire générale du PT, a affirmé que «soutenir la liberté de la presse et le journal El Khaber est un acte patriotique». Elle dira: «si on ne le fait pas aujourd'hui, plus aucun journal n'aura la liberté de définir lui-même sa ligne éditoriale». Elle a précisé que cette démarche est en contradiction totale avec la lettre du président de la République du 03 mai. Et de préciser que « le président Bouteflika n'a jamais sanctionné un journal qui l'a attaqué ou critiqué». Elle dira qu'au contraire le président de la République se vantait à l'étranger du nombre de journaux et de la liberté de la presse en Algérie et de l'existence d'une opposition dans notre pays. Louiza Hanoune a donc appelé le ministre de la Communication à « lever sa main sur El Khaber», autrement dit, à retirer sa plainte. «Cela ne va pas porter un coup à son image, bien au contraire, car le président lui-même a corrigé des dizaines et des dizaines d'orientations économiques et politiques ». Et de poursuivre : « cela ne l'a pas rapetissé aux yeux des citoyens». Cette demande a été soutenue par l'avocat d'El Khaber, Chaib Sadek. Il a estimé qu' «il serait vraiment sage que le ministre de la Communication puisse demander une radiation de ce dossier, parce qu'il ne va pas aboutir sur le plan juridique ». Pour Louiza Hanoune, le ministère de la Communication doit traquer les journaux fictifs et les chaines de télévisions fictives, mais qui engrangent des sommes colossales au titre de la publicité. Interrogé sur le mélange entre la politique et l'argent, les médias et l'argent, et sur l'histoire de monopole et empire médiatique évoqué récemment par Ahmed Ouyahia, elle dira que son parti était contre et il est toujours contre la mainmise de l'argent sur le secteur de la presse et sur la politique. Et d'affirmer que lorsque Grine « a ramené la loi », le PT était contre « mais la loi est passée ». Pour Louiza Hanoune, c'est Grine qui a ouvert la voie à cette légalisation de cette situation de fait. « C'est lui qui a permis à ce que quelqu'un achète trois journaux et une télé qui ne fonctionnent même pas, des journaux et télés qui bénéficient de deux pages de publicité», a-t-elle accusé. Pour Louiza Hanoune c'est plutôt El khaber qui est visé dans cette affaire et non pas Rebrab. « La preuve, ils ont coupé les vivres de ce journal depuis six mois, ils se sont retrouvés sans aucune publicité, ni publique, ni privée», accuse-t-elle encore. «Il y a un seul monopole, celui de l'Etat» Pour le chef du RCD, Mohcine Belabbes, il n'y aucun monopole dans cette affaire. «Il faut savoir qu'il y a un seul monopole qui est celui de l'Etat. C'est l'Etat qui dispose d'autant de journaux et d'un nombre de télévisions et qui sont tout le temps, à la gloire du chef, et qui boycottent l'opposition ». Et d'ajouter : « l'Etat en tant qu'une personne morale n'a pas donc le droit d'avoir une multitude de titres et de télévisions ». Pour le chef du RCD, cette affaire cible à la fois le journal El Khaber et le patron de Cevital, Issad Rebrab. Il précise que le journal est ciblé depuis quelques années déjà. « C'est un journal qui n'a pas accès à la publicité de l'Anep depuis des années, c'est un journal qui a été la cible d'un ministre de la Communication depuis au moins deux ans et ce à travers ses déclarations publiques demandant aux annonceurs privés de ne pas aider ces journaux, c'est bien un acharnement contre El Khaber». Pour Mohcen Belabès, l'Etat se devait d'accompagner les dirigeants de ce journal pour trouver un repreneur puisque le journal traverse une crise financière aiguë. «C'est ce qui se fait partout dans le monde car, il est question aussi de préserver des emplois, il y a à peu près 500 employés, on ne doit pas sacrifier tout ce personnel, tout de même».