Résumé : Meriem tombe dans la neige et se fracture la jambe. Ali et Daouia la conduisent à la polyclinique où on lui posera un plâtre. Houria, déjà enragée par la fugue de sa belle-fille, accusera le berger et sa femme d'avoir provoqué cet incident et les somme de quitter les lieux. Daouia tire Ali par le bras et le pousse vers la porte. Meriem se met à crier : -Daouia ! Daouia ! Je ne veux pas que tu partes. -La ferme !, s'écrie Houria. La ferme petite vaurienne où tu recevras la correction de ta vie ce soir. Taos, qui avait suivi la scène sans placer un mot, referme la porte derrière le couple qui venait de sortir et s'approche de Houria. -Ne te mets pas dans cet état. La petite est déjà assez effrayée par ce qui lui arrive. -C'est tant mieux. Qu'elle crève avant le lever du jour, et je jetterai son corps dans le puits. Houria tourne les talons et retourne dans sa chambre. Taos s'approche de Meriem : -Elle est un peu inquiète ce soir. Aïssa avait refusé son lait et n'a pas cessé de pleurer de la journée. C'était au tour de Meriem de pâlir : -Aïssa refuse de s'alimenter ? Il est malade ? Taos lui tapote l'épaule : -Il a une diarrhée et a vomis tout ce qu'il avait dans son estomac. -Pourquoi n'avez-vous pas appelé un médecin ? Taos lui tapote encore l'épaule : -Ton petit frère fait ses dents. Ses gencives son enflammées. Les prémolaires et les molaires sont toujours dures à pousser. Heureusement qu'il ne fait pas de fièvre. Meriem soupire : -Je n'aime pas le savoir mal en point. -Ce n'est rien. Aïssa a fini par s'endormir et aura sûrement faim à son réveil. Les enfants de Taos qui venaient de rentrer avaient suivi la conversation sans rien dire. Leur mère les débarrasse de leurs manteaux et leur propose : -Vous voulez un goûter en attendant le dîner ? -Oui, lance Omar, l'aîné, alors que le cadet, Hakim, ne cessait de regarder Meriem. Taos fait les présentations et assure : -Meriem est là pour les vacances d'hiver. Malheureusement, elle vient de se fracturer la jambe. Vous pourrez lui tenir compagnie et échanger vos livres avec elle. N'est-ce pas Meriem ? Cette dernière sourit aux jeunes garçons : -Bien sûr. J'ai ramené quelques ouvrages français qui pourraient vous intéresser. -Nous aussi, nous avons quelques lectures intéressantes, si ça te dit. -Tout m'intéresse lorsqu'il s'agit de se cultiver. Taos revient avec un plateau et le dépose sur la table basse devant Meriem : -Je pense que tu as faim toi aussi, Meriem. Tu vas partager le goûter des garçons. -Avec plaisir. Je sens que je vais apprécier ta galette, tante Taos. -J'ai préparé un plat de chez nous pour ce soir, ne te goinfre pas trop de galette pour pouvoir y faire honneur. -Oh ! Ne t'en fais donc pas. Avec ce froid, je sens que je pourrais avaler une poule entière. Tout le monde se met à rire, mais Houria interrompra leur hilarité. Elle venait de sortir de sa chambre et ne comptait pas garder sa langue dans sa bouche : -Qui va donc avaler une poule ? Toi ? Tu n'as pas honte de parler de la sorte ? On ne parle pas ainsi lorsqu'on est la fille d'un homme aussi aisé que ton père, qui offre du boulot aux villageois, et dont les terres et les vergers regorgent de biens. -Je voulais juste plaisanter, Mma Houria. -Non. Tu ne plaisantais pas. Tu parlais comme une affamée. C'est toi qui voulais passer la journée avec Daouia et son berger de mari. Que peuvent-ils donc t'apporter de mieux à manger que les glands et le quartier de galette de la veille ? (À suivre) Y. H.