Résumé : Meriem fait connaissance avec Omar et Hakim, les enfants de Taos. Cette dernière leur proposera un goûter. La jeune fille répondit en plaisantant qu'elle avait si faim qu'elle pourrait avaler une poule. Houria arrive sur les faits et ne rate pas l'occasion de la sermonner. Offusquée par les paroles de sa marâtre, Meriem ne pu s'empêcher de répondre : -Daouia et Ali m'ont offert bien mieux que ça. Daouia avait même égorgé une poule hier pour me faire honneur, et ce matin, elle n'a pas hésité à me préparer un petit-déjeuner copieux et de succulents sandwichs. Pourquoi les méprises-tu donc autant ? Que t-ont-ils fait ? Houria voulait répondre, mais ne pu prononcer un mot. Son visage vire au rouge et sa respiration devint sifflante. On aurait juré qu'elle allait étrangler Meriem. Mais elle se ravise et prend un air hautain devant Taos et ses enfants : -Tu sais bien que nous sommes d'une classe supérieure à la leur. Meriem hausse les épaules : -Je ne vois pas les choses de cette manière. Ils sont braves, accueillants et serviables. -Assez !, s'écrie Houria, qui n'arrivait plus à dominer sa colère. Tu es arrogante et mal élevée. Je vais me plaindre à ton père et je ne me tairai pas jusqu'à ce qu'il t'inflige une bonne correction. Taos intervient pour la calmer : -Allons Houria ! Laisse cette petite tranquille, elle est déjà bien arrangée ainsi avec sa jambe fracturée. -C'est bien fait pour elle. Elle n'avait pas à suivre ces canailles, et en sus sans mon autorisation. -Elle n'a rien fait de mal, voyons ! Elle s'est conduite avec l'insouciance de son âge. Et puis, elle n'est là que pour quelques jours. Houria, les mains sur les hanches, lance : -Elle est obligée de prolonger son séjour jusqu'à ce qu'on lui enlève ce plâtre. Elle va encore m'empoisonner l'existence. Taos lance un coup d'œil compatissant à Meriem : -Je ne pense pas. Meriem est une gentille fille. Omar et Hakim vont lui tenir compagnie jusqu'à la reprise scolaire, puis on avisera. -Je suis dans l'obligation d'envoyer un télégramme à son père pour le prévenir. Il faut bien qu'il sache que sa fille ne pourra pas rentrer à la fin des vacances. -C'est dans une dizaine de jours. -Je sais, mais le plâtre ne sera enlevé que dans trois semaines. C'est ce qu'a dit Ali. -Ce n'est rien. Les jours passeront très vite et Meriem repartira en France. Allons, calme-toi, et va donc t'occuper de Aïssa. J'espère que sa fièvre a baissé. En entendant le nom de son fils, Houria s'empresse de tourner les talons et de rejoindre sa chambre. Le silence plane un moment sur l'assistance, puis Taos verse du lait dans les tasses et coupe des quartiers de galette : -Allez les enfants, venez prendre votre goûter. Les jours suivants, Omar et Hakim ne quittèrent pas Meriem qui, de son côté, appréciera leur compagnie. Les garçons étaient bien élevés et Taos très attentionnée avec elle. Daouia revint plusieurs fois prendre de ses nouvelles, mais Houria la rabrouait à chaque fois. Si bien que Meriem, la prenant en pitié, lui demanda d'espacer ses visites en la remerciant du fond du cœur de sa sollicitude. Amar qui a reçu le télégramme de Houria s'empresse de prendre quelques jours de congé pour rentrer au bled. Il était inquiet pour sa fille et voulait se rassurer sur son état. Houria qui ne s'attendait pas à une telle réaction de sa part s'en mordit les doigts et devint subitement tout sucre, tout miel avec sa belle-fille. Elle venait s'asseoir près d'elle en berçant Aïssa dans ses bras, ou lui proposait de jouer avec lui, demandait à Taos de préparer les plats dont raffolait la jeune fille et autorisait même Daouia à venir à la maison pour lui tenir compagnie. Meriem n'était pas dupe. Elle avait compris que Houria voulait qu'elle fasse ses éloges auprès de son père, afin que ce dernier n'y voie que du feu dans leur relation. Mais elle savait aussi que Amar, qui connaissait sa femme, n'allait pas croire un traître mot, même si elle lui assurait que Houria la traitait bien. Comment allait-elle donc argumenter son accident ? Elle va tout simplement lui parler de sa promenade dans les pâturages avec Daouia et Ali, sans parler des circonstances qui l'ont menée à fuir la maison pour se refugier auprès de la femme du berger. Elle n'aimerait pas rajouter des soucis à son père qui avait déjà goûté aux vertes et aux pas mûres de ce monde. Amar débarque un après-midi pluvieux. Il avait pris un vol de nuit, et ensuite un taxi pour se rendre au village. Houria avait fait un brin de toilette et s'était parée de ses plus beaux atours pour le recevoir. (À suivre) Y. H.