Invité de l'émission Grand Angle de TV5, l'ancien Premier ministre Sid-Ahmed Ghozali s'est exprimé, avant-hier, sur l'actualité du pays. Et, avec lui, c'est une autre voix qui rejette l'idée selon laquelle le système algérien vient d'opérer sa mue vers un Etat civil. Pour l'ancien Premier ministre et néanmoins ex-membre du CC du FLN, qui dit ne pas croire aux purges au sommet de l'Etat, "le système n'a pas changé". Selon SAG, ce n'est pas en changeant 20 personnes sur 100 000 qu'on peut conclure à une mutation du système. L'ancien candidat à la présidentielle et président du FD, un parti en quête d'agrément depuis 15 ans, récuse l'idée selon laquelle l'opposition est faible. Selon lui, elle n'existe même pas, elle est toujours interdite par le pouvoir. "Quand on parle d'opposition, on tombe dans le piège du gouvernement", avertit Sid-Ahmed Ghozali. Toujours à propos du paysage politique, Sid-Ahmed Ghozali pense que "le problème central, est que nous n'avons pas encore atteint le stade de l'Etat de droit qui se caractérise par le respect de la loi". Et à ce propos, et pour avoir fréquenté le pouvoir, l'ancien chef de gouvernement pense que "le système algérien se caractérise par trois péchés capitaux". Le premier est qu'"il demande à la société d obéir, il pense à tort qu'une société ça marche avec des ordres". Le second est qu'"il ne respecte pas la loi" qu'il fait lui-même. Le troisième est lié à la notion de responsabilité. "Ceux qui décident ne sont pas responsables de leurs actes." Et, "ce système, basé sur ces trois péchés, ne peut prendre que de mauvaises décisions", avertit encore SAG. Pour l'ancien patron de Sonatrach, "l'Algérie est, aujourd'hui, en danger permanent". Selon lui, "la société algérienne est en train de vivre sur la base d'une richesse qu'elle na pas créée". Et, "cette situation n'est pas due à la baisse des prix du pétrole, elle est le résultat de l'incurie du pouvoir politique qui n'a pas aidé les Algériens à créer la richesse". Ainsi, pour Ghozali, "même avec un prix du pétrole à 200 dollars le baril, nous serons en situation de précarité" et "le danger sera là quand le système ne pourra plus acheter la paix sociale". L'ancien Premier ministre ne s'est pas privé d'ironiser sur l'un des argumentaires de la bonne gestion des affaires de l'Etat, à savoir la gestion de la dette extérieure. Selon lui, "c'est une supercherie de dire que l'Algérie fait de la bonne gouvernance parce qu'elle n'a pas de dettes". "Un clochard sous les ponts de Paris n'a pas de dettes alors que Rothschild a des dettes. On ne peut pas dire que le clochard se porte mieux !" Il termine sa prestation en décochant une flèche en direction de Zéralda en concluant : "À mon âge, même s'il y a des élections (à entendre libres, ndlr), je pense que c'est le moment de laisser la place aux jeunes." Mourad KEZZAR